mercredi, décembre 29, 2004

Snooze

L'araignée tisse dans ma tête
tapissant mes idées d'une soyeuse brume
engourdissant mes membres
pris dans les rets du rêve

Feinte accalmie dans l'œil du cyclone
le réveil guette
la réalité menace
comme une pluie d'enclumes
surgissant d'un ciel éclaté
aussi froide que les yeux
d'un rongeur dans la nuit.

jeudi, décembre 23, 2004

Esprit de bottine

" Le salaire de nos membres est si peu élevé qu'ils en sont rendus à tendre la main en travaillant ! "

- L'Association des travailleurs à pourboires

mardi, décembre 21, 2004

Pierre, Jean, Jacques

Noël approche.
La ville s’est faite belle le temps d’une illusion. Les minarets modernes chantent en dolby le petit Jésus et la pierre arbore des larmes lumineuses, multicolores. Ce serait beau si la misère ne s’était aussi mise sur son trente-et-un.

Pierre a loadé sa carte pour faire croire à ses enfants qu’ils sont heureux. En janvier, ils n’auraient peut-être pas déjeuné si, heureusement, leur école ne s’était située dans un secteur défavorisé.

Jean fait des affaires d’or sur un coin de rue de la Main à tendre la main. Avec toutes ces lumières, ce clinquant dont on a paré la nuit, il est vraiment plus laid. Et comme c’est bien fait, le froid s’est pointé le nez. Il fait vraiment pitié, tant mieux : les affaires sont bonnes. Curieusement, à ce temps-ci de l’année, les gens le voient. Probablement parce que leur marche est ralentie par tous ces sacs de cadeaux et le poids de la honte. On s’arrête pour lui parler, lui souhaiter de joyeuses fêtes, puis on fait danser dans sa main grelottante les huarts qui n’auront pas servi à acheter l’assortiment de trucs-machins-qui-sentent-la-vieille-fille pour la tante Ginette.

Jacques, habillé comme sa chienne, parle tout seul dans sa barbe. Toujours les mêmes phrases. Le même mot surtout, le seul qu’on lui aura appris au Centre entre les rations de pilules de bonheur. Un mot, une gâterie, comme pour les perroquets. Depuis il répète : désinstitutionnalisation. Les messieurs en blanc lui ont dit avec une tape sur le dos : " Va mon bel oiseau, tu es libre ! " Bulle, envole-toi…disparais. Comme sont gentils !

Noël pour fêter la naissance de Jésus. Pourquoi j’ai plutôt l’impression que c’est l’époque où on le remet sur la croix pour montrer sa souffrance à venir ?
La charrue avant l’âne et le bœuf.
Misère…

lundi, décembre 20, 2004

Chroniques de la Mouche

" Ce qu'il y a de bien avec l'âge, c'est que tu peux choisir quoi oublier. "
- Luq Bossé

mercredi, décembre 15, 2004

Modingue

Pour l'oiseau de nuit, le bar a remplacé le placenta.
Il y baigne dans un liquide d'amis autistes...

lundi, décembre 13, 2004

Tintements de taverne

Quand un serveur échappe un verre, son cabaret ou son dentier, il y a toujours quelques morons bien chauds (chauds les morons ! chauds...) pour applaudir et rire comme des gorets.
Ça doit venir de là, rire aux éclats...

samedi, décembre 11, 2004

Échos de taverne

" C'est pas le dégoût qui nous empêchait, c'est le manque d'alcool... " - Benoit Fortier

***

Le client au barman : " Le fort est cher, mais la chair est faible. "
L'expérience de répondre : " Moins le fort est cher, plus la chair est faible, tu veux dire... "


Tintements de verre

Entendu dans un bar quelconque :

" On dirait qu'elle vieillit avec l'âge.

- Moi je trouve qu'elle n'a pas vieillit d'un pouce. "


jeudi, décembre 09, 2004

... nan nan nan nan : Tourissimo !

Un matin, ils ont cessé d'atterrir, les grands pit-pit de fer remplis de japonais. Ils débarquaient, tout sourire, avec au cou leurs boîtes à crystaliser l'âme des pays. Atachtatouk, en bon guide, leur montrait comment taquiner la mouchetée sur une rivière Moisie trop écumée, leur faisait comprendre la poésie des oiseaux en dehors des cages et la beauté de l'orignal qui, dans un grand élan d'amour, se roule dans sa pisse en guise de cour à sa femelle. Il les avait attendus un peu, se demandant ce qu'il pourrait bien faire maintenant. Sans l'argent du blanc (du jaune dans ce cas-ci), comment faire pour vivre ? c'est à dire descendre à Kebek pour s'acheter du rhum, des femmes et d'la bière nom de Dieu !
"Ben coudonc, se dit-il en aparté et en (gai-l')Huron, je vais retourner dans le bois, pendant qu'il en reste."

Univers sonore : Kashtin à la radio.
Comme je ne comprenais rien, je me suis dit qu'il s'agissait peut-être d'une histoire sans morale, avec seulement des mots pour bloquer les trous.
P.S. : Je sais que Kashtin, c'est en Montagnais, et qu'il n'y avait pas de Hurons dans le coin de la Moisie.

Flûte de pan de mur

Angoissé par deux secondes sans parler
Étourdi de silence
J’irai brasser la cage à mes vérités, en criant
Trois fois mon nom

Je me moi, m’émoi, mais moi...

Comprendre ce que je tais de vive voix
Crier la poussière au grenier
L’immuable du meuble
Crasse des jours ; la mélancolie

Faire le paon de ce mur
Où je me suis embriqué

Désaimer mucho

Avec la langue la cruelle alliance
Papilles irritées par les mots rabots
Cascadant de mes lèvres
En torrents sonores humide magma
De pensées tordues malades comme la vie
Mon cœur malade refait peau neuve
Dans la solennité de l’aveu
Je n’envie plus d’être
Nous en veux d’avoir été

Lasalle, 14/03/00

mercredi, décembre 08, 2004

Tic tac

Passages
de l'enfance à l'adultère
de ma vie dépossédé
dans ces yeux miroirs, de moi
fondu dans la masse des secondes
altier et fat devant l'inéluctable, ce jour
où je me m'amalgamerai aux souvenirs
attendre la mort, depuis sa naissance
dans l'inconscience d'être
et se réveiller un jour, trop tard, enfin
décédé à vivre