samedi, octobre 30, 2004

Chienne de vie

Le vieux

Derrière ses yeux doux
le regard d'un chien fou
écumant sa rage en ne mordant plus dans la vie
dévorant les restes d'après-midi solitaires
en compagnie de louves édentées

Il arpente les corridors de la sénélité
croupissant dans le foyer des miasmes humains
aucune trace dans sa mémoire
de sa bohème trépassée

Du fiel plein la bouche
n'en rajoutez plus la couche est pleine
c'est la terreur du centre
le dentier aux canines acérées

Une sale peau un rire sadique
la voix grave catarrheuse
la rognure d'humanité le sous-genre
crache sa hargne
à ceux qui l'ont honni

Là-bas au foyer du feu dans les yeux
le vieux attend la mort
la mort
ou des nouvelles de sa famille

vendredi, octobre 29, 2004

Velléités

Aujourd'hui, j'ai vraiment envie d'écrire.
Je vais prendre mes couilles à deux mains et retrousser mon manche. Ce sera peut-être une nouvelle érotique...

jeudi, octobre 28, 2004

Écriture automatique tac toe

hier soir de toute manière
j'étais liquide et ailleurs
- Tony Tremblay, rue pétrole-océan, p.31


Dunn's
centre-ville moribond tranquille ce soir
un coke fontaine me gruge les gencives
le crayon à la main
le gras du bovin dans l'autre
un espoir de lucidité dans la troisième
polyvalence des sens atrophiés
remettre à trois mains ce qui ne peut attendre

pendant que Bennett chante ou pleure je ne sais
Tony truand Tremblay se laisse lire magnanime
absence retour se fondre en marge en page
échos de vaisselle je n'ai même pas faim
ma nourriture est d'encre

seigle en fuite mes doigts huileux
ça dégouline sur le crayon
je mange comme j'écris
de la main gauche
qui enfourne les patates bouchons
les artères malades les veines en sang
bouche molle automate

(pause)

j'éructe
nouveau décor ambiance d'un or gris
les clients ne pullulent pas
seul con comme un sac de roches
au milieu des jambes qui s'échinent
à ne pas danser

Tony t'es où
tiens pour peu je t'appellerais
mais t'es déjà là
te lire en la cité des pétroleuses
l'ironie se marre
l'incongru avance mais je suis assis
Eminem n'est pas content

la fausseté ici me rassure
le cercle des fermières se referme
arrive un sourire sur des talons hauts
- hi you beautiful
- me manque 10 $ pour vous aimer madame
comment allez-vous
sourire vampire devenu brume
clac clac les talons me tournent le dos

Chateau du sexe
l'illusion est totale
je me crois en Espagne
voyage en souvenance
du temps des mouvements
dans la peur ou l'attente
de la schizophrénie

mercredi, octobre 27, 2004

Patati E.T. Patata

La lecture du dernier billet de Douceophélie m'a rappelé comme les enfants sont méchants entre eux.

Disons que d'un point de vue personnel, j'ai été chanceux à l'école. Je me débrouillais académiquement et tirais mon épingle du jeu aux jeux. Ni cancre ni quart-arrière-débile-adulé-par-les-nymphettes-en-mal-d'hormones, donc. Tous n'ont pas eu cette chance. Un défaut de langage, de mauvaises notes, un physique ingrat, les différents étaient vite têtedeturqués.
Les parias se rassemblaient pour mieux se défendre des ricanements des cons et les cons...ben... ça se tient en gang. Moi, j'étais entre les deux ; bizarrement, on m'acceptait dans chacun des groupes. Ça me permettait d'aller chercher mon méritas sans recevoir une tomate et de jouer au con avec les cons sans trahir les autres. Dans ceux-ci, il y avait mes amis E.T. et Patate.

Le premier devait son surnom à son visage plat qui tenait plus d'un hybride entre une assiette et Mère Théresa (Agnès Gonxha Bajaxhiu de son vrai nom), ainsi qu'au reste de son corps aussi mince et long que le cou de la mascotte à Spielberg. Tandis que Patate était gras comme un violeur inactif, bien entendu. Les deux faisaient systématiquement l'objet des sarcasmes infantiles, le plus souvent catalysés par le grand brandisseur de la bannière des cons, la Terreur, Eric Meiss. Je le nomme, il n'a pas encore appris à lire, alors...

Parler d'eux, en prendre la peine, c'est de raconter la revanche des nerds.

Un jour que nous jouions au ballon-chasseur pendant la récrée, une escarmouche a éclaté entre la Terreur et E.T. Chicane de ballon, comme d'hab. Un lancer vicieux de la part du grand en pleine face de Phone-Home, qui l'avait déjà assez plate comme ça. Boum ! voilà E.T. sur la fesse (sic).
Rires gras.
Mais contrairement à son habitude, le nerd s'est relevé.

«- Toé, mon esti, tu vas arrêter de me niaiser !
- Viens-t'en ti-cul...»

Rires moins gras, cette-fois. Personne de mémoire de primaire n'avait jamais osé défier le grand Meiss.
D'un bond, les mollets pleins d'une energie emmagasinée durant des années de frustration, E.T. se rua sur son adversaire.
Le taureau pendant la castration.
C'est toute la colère du juste qui atterrit sur le pif de la Terreur. D'un unique coup de poing, le monstre fut vaincu. Sonné.
Afin de l'achever, Patate, par souci participatif, alla se munir dans le parc d'une belle crotte de chien, encore toute fraîche, qu'il prit un malin plaisir à écraser dans la face du perdant, toujours groggy.
À partir de ce jour, la Terreur est devenu Ballon-Chiasseur.
J'étais très fier de mes amis.

P.S. : Aujourd'hui, E.T. est président d'une compagnie prospère et Patate a perdu son gras de bébé pour devenir un athlète de 6'4" que l'on a pu voir évoluer aux Jeux Olympiques.
Eric Meiss est en prison.
Moi, je suis toujours dans le milieu.

mardi, octobre 26, 2004

Quelqu'un, c'est bien ; mais deux, c'est mieux !

Je me suis surpris à penser aujourd'hui que toutes nos pensées et actions tendaient invariablement vers le même but : trouver l'âme sœur. Coûte que coûte, le plus tôt sera le mieux. Comme si dans l'ABC du bonheur, en alinéa 1, était inscrite en lettres de feu l'obligation de vivre à deux.
Génétique ? Manger, s'abriter, dormir, se matcher ? Un réflexe de survie, quoi, égoïste.
Sommes-nous esclaves d'une telle quête, avec un boulet à traîner dans la course folle, notre propre âme.
Que de drames, que de mots sur l'amour, ce sentiment que nous nommons pour faire bonne figure, quand il ne s'agit que de cacher son impuissance à vivre en solitaire dans la foule.
Trop pissous pour vivre seuls, quand vient le temps des monstres sous le lit, l'on sent le besoin de communiquer notre pétoche à quelqu'un d'autre, pour se rassurer. Idéalement, une personne plus peureuse que soi pour qui nos bras se feront puissance et réconfort. Sentiment fugace d'invulnérabilité en pied de nez factice aux autres pleutres.
Les boucliers ne saignent pas.

lundi, octobre 25, 2004

Prière du macho

Mesdames,

Puisse le ciel s'il existe
m'accompagner dans ma quête
et m'indiquer le chemin
vers des valeurs plus pures

Je ne sais si un jour
grâce à de divins augures
je pourrai laver votre honneur
belles que j'ai souillées

Que ne faut-il d'inspirations
pour exhaler en un souffle
les habitudes incrustées
depuis l'enfance qu'on dit tendre

Et saurai-je bannir de mon esprit
les avanies commises
au nom d'un dieu
que je croyais être

La fatuité m'a égaré
comme elle perd les plus nobles
et vous offrir réparation
me semble aveu de courage

Sachez que je regrette
des tréfonds de mon âme
ces transports qui m'ont valu
d'être éloigné de votre grâce

Aussi me redonneriez-vous
l'espoir qu'un jour béni
je puisse attendre de vous
la miséricorde des justes

Ce serait m'obliger grandement
que d'accepter les plates excuses
d'un repentant sincère
qui ne vous mérite pas

Je ne saurai trouver le repos
tant que votre main menue
n'éloignera cette menace
d'un poignard sur mon coeur

Aussi vous enjoins-je à genoux
de consentir à accorder
au satyre que je suis
un pardon redempteur

P.S. :
Veuillez mesdames en toute candeur
Agréer l'expression ricaneuse
De ma bite turgescente
Qui ne se lasse de vous aimer...

Silences

Silence, j'écoute
le vent dans les feuilles
la blatte qui s'enfuit
les voitures qui pètent
la voisine qui pisse

Silence, j'entends
le réfrigérateur frileux
le calorifère en chaleur
les acariens se battant pour ta peau
toujours la voisine qui pisse

Silence, j'apprends
l'émotion qui suinte
ton orgasme qui se retient
le mien qui s'en va
la pisseuse qui voisine

Silence, j'imagine
les grillons qui carillonnent
un jour se levant
la nuit qui s'efface
la pisseuse qui s'essuie

Silence
le lit est plein
de petits silences
qui bourdonnent en vacarme
dans mes musées de cire

Silence
l'eau part en chasse

dimanche, octobre 24, 2004

Le coeur aiguillé

Au coin d'une rue sans visage, une ingénue trop fardée distribue des caresses malhabiles. Fille de joie : elle pleure.

La pute défait le trottoir, perdue dans un chagrin qu'elle se tue à assassiner, son ventre égorgeant un son prisonnier. Errante arpentant la salle des pas perdus, elle attend que passe le train de sa mémoire.

Le coeur aux objets perdus, en charpie, plein d'éclats de verre pilé, elle se pile sur le coeur, s'écoeure.
Jusqu'au prochain client, l'archange annonciateur de la venue du fix de Dieu.
Christ !

Croisades

Allons pugnaces au-devant de l'amour
Haranguaient des chevaliers optimistes
Avant de se voir revenir en manque
Qui d'un bras qui d'un sexe qui d'un coeur
Pugilistes meurtris d'un combat inégal
Où portent les coups bas

jeudi, octobre 21, 2004

Lettre au présent imparfait

On s'en fait-y un ? qu'avait demandé papa par un soir de grand froid qui vous mordait les fesses. Et toi, naturellement, tu avais souri des lèvres et des jambes, simplement heureuse que le petit con prenne enfin de la graine. Il est lent parfois, papa, mais il finit toujours par comprendre.
Oh, je ne veux pas faire de chichis, l'idée était bonne, je vous l'accorde...
Merci d'avoir pensé à moi !

Mais à quoi il pense, le grand fafouin comico-cosmique, des fois je vous jure...
T'inventes l'eau, l'air, les fleurs, puis des trucs tout croche comme moi. À croire qu'il aurait fait un cauchemar le dimanche en se reposant. Pas fort Big-Bonhomme ! On ne se dit pas Dieu comme ça sans prendre de précautions, faut pas lésiner ! À son image, quelle connerie, oui !

Je me voyais déjà faire la grasse matinée de la vie, gazouiller, apprendre à marcher, à lire, à jouer du trombone, faire l'amour (hihi, ça, ça a l'air le fun !), être heureux, quoi. Me semble que je n'en demandais pas beaucoup.

Et puis le grand monsieur en blanc qui vient faire son savant pour épater la galerie avec ses mots qui ne sont que dans son dictionnaire à lui, avec sa grande oreille à écouter ton coeur en chamade. "Rien n'est sûr. On va faire des tests", tellement de tests que ça prend une batterie... Et viens que je t'ausculte de ta dignité, que je te triture (même s'il est gentil, ça fait mal, je le sens. Mais tu ne te plains jamais, tu es forte !)
Puis les résultats, toujours les mêmes... toujours les mêmes qui ont tout, oui ! Moi, il l'a dit le grand monsieur en blanc, je n'aurai jamais rien. Déjà qu'il me manque des bouts, je ne verrai jamais la lumière à celui du tunnel. Et finalement, il te conseille fortement de mettre fin à ma vie, alors que tout ton corps et ton coeur n'auront jamais autant désiré que de me la donner. Et je t'en remercie. Et te remercie de ta décision.

Tu voulais veiller sur moi toute ta vie, et voilà qu'un grain de sable dans la machine vient tout bousiller, voilà que maintenant ce sera à moi de veiller sur toi du haut de mon nuage, sur toi et sur papa, puis sur futur frérot et future soeurette ; parce que tu n'as pas à supporter le poids de l'injustice, parce que tu m'aimes et que je t'aime. Parce que tu m'aimes. Merci maman.

- ton 'tit-ange

Après neuf heurts

Comme on ne peut faire plaisir à tout le monde, un poème en cette journée grise comme le fion d'une nonne.

Mon coeur
monticule de fumier
dans un terrain vague
d'où je fais le coq

mon coeur
cubicule
empreint des murmures
de travaux inachevés

mon coeur
ridicule
cas de siège
avorté

mon coeur
testicule
enfantant le doute
dans l'impuissance

mon coeur
banlieusard de Nulle-Part
coeur accouché dehors
coeur back-order

mon coeur
tu me manques

mardi, octobre 19, 2004

Les murmures ont des oreillers (2)

Tard entre les vignes : "Les carottes, c'est bon pour la santé : c'est rempli de bêta-kérosène !" - Bob Dagenais

Encore plus tard : "Je ne me rappelle de rien, je n'y étais pas." - Bob Dagenais

Une fois trop tard : "glurbluglouvioumdegzzzz" - Bob et nous tous (en choeur)

Les murmures ont des oreillers

Un quêteux sur la Mont-Royal : "C'mon man, i'm'manque cinq piasses pour payer mon hypothèque !"
On n'a plus les sans-abri qu'on avait. J'ai eu envie de lui répondre : "Tu mendieras tant...", mais je lui ai quand même donné un dollar, pour l'originalité.

samedi, octobre 16, 2004

Promenade sur la Main

Le porno défile
mamelles en macramé
queues de plastique
chuintements liquides
fausses plaintes

Mais elle m'aime toujours
fidèle
ma main

Clin d'oeil

Le bonjour d'une petite culotte
vision dérobée à l'ennui
en imaginant le sourire des cuisses
sous l'interdit d'une jupe

L'extase du furtif
sur la terrasse d'été
coton humide et vent de fleur
je repars heureux

Modingue

L'amour me sied à te râvir, même si je sais que l'union fêle à force.
Mais parfois, le temps fait bien les chauves.

vendredi, octobre 15, 2004

Comment j'ai appris la honte

Brossard, 1978 (j'ai huit ans), remise de trophées de la ville, tous sports confondus.
Fier comme un nouveau papa, j'attends qu'on me nomme pour monter sur l'estrade. Je suis le meilleur receveur de la ligue ! Je vais enfin pouvoir redorer mon blason. Faut dire, toutes les équipes de la ligue de baseball portaient des noms d'oiseaux, d'oiseaux féroces, imposant le respect. Les aigles, les faucons, les vautours, etc. Nous autres, un cave nous avait appelé les Oies. Les OIES de BROSSARD ! Tabar... Pas besoin de vous dire qu'on s'est fait écoeurer toute la saison. J'entends encore mon père scander "Allez les oies !" en s'étouffant de rire dans sa vingtième bière.

Les lauréats vont tour à tour chercher leur trophée, puis tout à coup le MC annonce que la soirée est terminée...Bravo les petits, clap clap clap. Stupeur ! je n'ai pas été nommé. Mon monde s'écroule. J'ai beau criailler, siffler, cacarder, je suis trop petit pour qu'on m'entende. Tais-t'oie, ricane mon père, avant de s'en mêler et d'aller voir les organisateurs. Il s'agit d'une erreur administrative : mon nom s'est perdu dans les listes. Manque de pot, il n'y a plus de trophée disponible. Touché par les pleurs d'un petit garçon, un gentil monsieur propose de me donner un des trophées non-réclamés. Je vais enfin l'avoir, le criss de ramasse-poussière. On me tend l'objet rédempteur : un trophée... de GOLF ! Honte...

Aujourd'hui, mince consolation : les Expos sont partis et il y a plein de beaux terrains de golf au Québec.
Parfois, quand j'écoute un match de sport professionnel, j'ai envie de crier "Allez les OIES !"
Mais je me retiens et entame ma vingtième bière...

Messe dominicale

D.T. est excellent dans son rôle de F.D.R. à T.L.M.E.P. Dire que 2 millions de personnes savent de quoi je parle, c'est fou ! Et les 5 autres millions en auront entendu parler le lundi. On devrait inviter quelques souverainistes à l'émission, plutôt que de faire des articles dans la Presse...

Cadeau pour les initiés : T.T.A.T.T. et F.-YL.F.D.B.

jeudi, octobre 14, 2004

Je n'ai pas fini mon Bac (vous comprendrez pourquoi)

Au départ, je ne m'étais pas posé la question. Pas plus qu'à l'arrivée, d'ailleurs, puisqu'une tortue m'aurait de toute façon dépassé en chemin. Comme quoi lapin justifie les moyens.

Et vous aurez beau dire, je n'entendrai que vos mots. Je n'écoute qu'une personne et je ne la connais pas encore, c'est vous dire si je n'ai l'oreille musicale que dans la mesure où le son se rend sans demander grâce.
Puis, faire la sourde oreille, est-ce une façon de dire que le son gelé habite un pavillon d'hiver ? Qu'au printemps des mots la phrase reste sans sève ?

Je n'ai pas lu Mozart ni écouté Flaubert, ce qui ne m'empêche pas d'être inculte. C'est pourquoi je penserai à vous quand, au jour de ma mort, vous entonnerez un messe câline et hallucinante.
Il y aura des cupidons cupides venus pour reprendre les flêches éparpillées de leurs amours désabusés (voir la liste en annexe : des noms inconnus y figurent). Il y aura aussi des madonnes en pleurs pour bourgeonner leur tristesse aux soixante-neuf vents, et il y aura ceux qui voulaient me voir finir mon Bac. Regarder tout court leur aurait été trop long.

Qui a besoin d'un coeur si c'est pour le donner ?
Ah, si j'avais su, je ne serais jamais né si jeune. Vous comprendrez quand j'aurai votre âge.
Je ne demande pas beaucoup, seulement l'Univers. Ou bleu. Houblon

Vous voulez quand même comprendre ? Voilà une partie de la vérité :
Je m'en allais bonnement vers l'école de dressage quand un cambiste vint me faire part de ses actions, qu'il acheta et revendit à fort prix. Avec un paquet de chance, il se servit de cet argent pour s'acheter une bonne fortune. Manque de pot, il n'y avait plus de fleurs. Alors moi, tout surpris de ce qu'on puisse s'actionner sans bouger, je déviai de la route du savoir pour me diriger vers celle du palais de justice afin d'y déposer un grief à mon égard. Mais, malheureusement, je me suis égaré (en parallèle).

L'homme à son égard ment. Un espresso dans un corps sain.
Unis là tes râlements...

Bouche bée

Évaporation des phylactères
aphone devant toi
comme passe un ange
en caressant ta joue

T'es belle

Pendule

La flamme de la chandelle vacille
elle s'en balance
dans la pénombre de la chambre
aux orangés dansants

un vieux lit
un fauteuil
une lettre oubliée
sur une table

la corde
et le pendu qui sourit

mercredi, octobre 13, 2004

Temps

Ma vue se voile
d'épier les soleils
comme chaque crépuscule
me trouve songeur
cherchant à fixer
le Temps fuyard
le glaucome s'installe
en cataractes pernicieuses
au fil des perles en fuite
dans ma quête de l'instant
je demeure
prisonnier de l'horizon

Scusez la

Suggestion théâtre pour plombier en congé : En attendant (le dé)Godot, de Samuel Beckett.

mardi, octobre 12, 2004

Identité

J'ai ouvert mon blog et une chose m'a frappé (outre ma coloc pour que je lâche son ordi) : de voir mon nom signé au complet à la fin de mes billets. Ça m'a fait tout drôle. À part sur les criss de chèques, je ne vois pas souvent mon nom. C'est puéril, je sais, mais c'est comme ça.

J'ai toujours un peu envié les gens qui répondent au téléphone en ne nommant que leur nom de famille.
"Gagnon... qu'est-ce que je peux faire pour vous ?"
C'est assumé, voire même un peu arrogant. MacLeod dans Highlander criant la fierté de son clan sur la colline...
Je ne suis qu'un prénom ; même pas, un surnom. Je suis Jeff-tout-court. On m'appelle Jean-François dans la rue que je ne me retourne même pas. Au téléphone, c'est pire.

" Allo, c'est Jeff, comment vas-tu ?
- Qui ?
- Jeff, Jean-François...
- ...
- Le chauve du Boudoir.
- Ah oui ! Je te replace, scuse... On baise ?
- (censuré)"

Au fil du temps, j'ai perdu Domingue.
À l'inverse d'un Mistral, qui porte très bien son patronyme, mais qui n'a plus de prénom.
Domingue, c'est le domingo francisé, dimanche en espagnol. J'aurais dû faire curé !
Dimanche... peut-être pour ça que j'ai une prédisposition à me reposer.
Je pourrais m'appeler Jean Dimanche (un beau verbe, endimancher), mais ça fait trop Haïtien. Mais Haïti n'est-elle pas située sur l'Île de Saint-Domingue ? Tout fourré, le chauve.
Coudonc, on dirait que je me cherche ! m'en vais aller me trouver aux danseuses, moi...
Je vous en ramène des effluves...

Échos

Entendu au chic resto Vincent (commandez un 14 pouces et obtenez un 7 pouces gratuit !), après qu'une dame agée ait épongé le café renversé sur sa sacoche :

" Viens-t'en Ginette, on peut y aller : ma poche est sèche."

Aussi, relaté par le Chfal, en conversation avec une collègue de travail (50 ans, mais aucun rapport, elle est juste épaisse) :
"As-tu entendu parler de't'ça, la soucoupe volante de l'Armée Canadienne qui a coulé ?
- Tu veux sans doute parler de l'incendie du sous-marin ?
Sans faire cas de son erreur :
- C'est ça, le sous-marin, ils n'auraient jamais dû le mettre dans l'eau salée."

Elle aura vu la caricature de Chapleau, et toutes les autres, sans jamais savoir de quoi il s'agissait.
Et ça vote !

dimanche, octobre 10, 2004

Mots d'enfants 2

D'écrire le dernier billet m'a rappelé un de mes mots d'enfants :

Première sortie avec ma mère dans le vrai monde, au-delà de la 13e rue (Laval). Premier souvenir d'une visite à Montréal, mais surtout mon premier contact avec le ver bleu des abysses.

On entre dans la station. J'ai 3 ou 4 ans. Je suis intimidé par tous ces gens immobiles qui vont quelque part. Ça grouille, vision effarante de la ruche. Ça sent la matante et j'ai peur. Mais bon, Mouman est là, je suis en sécurité sous son bras, tout près de ses mamelles (elle devait encore m'allaiter à cet âge, pour que j'aime ça autant maintenant...).
À peine entré dans la rame que je m'exclame, avec cette voix impudique propre à l'enfance, forte et aigue :
-Wow, regarde Maman ! Regarde !
Horrifiée, ma mère s'aperçoit de l'objet de ma stupeur, que je pointe impoliment de mon petit doigt boudiné :
Une grosse torche noire... grosse, mais grosse ! Et noire comme je n'en avait jamais vue sur la 13e rue, ça c'est sûr. C'était l'époque où Laval lavait plus blanc que blanc. Trois quatre cents livres d'ébène mou.
Grosse journée en nouveautés.
-Regarde Maman, regarde !
Du bout des dents, à la façon d'un caporal hitlérien, ma mère siffla :
- Tais-toi... mais veux-tu bien te taire.
Qu'est-ce que je vais bien dire ? Tout le monde nous regarde. Le racisme, ça ne fait pas bien dans les bonnes familles.
- Regarde, la madame, Maman...
Elle me serre le bras, ça fait mal, et elle se met entre moi et "la masse gélifiée" afin d'éviter le scandale. Pour une fille de St-Henri qui a réussi à marier un avocat, le scandale, c'est la honte suprême.
- Regarde Maman la madame... comme elle a un beau sourire !
Ouf !

Depuis je sais que les préjugés s'apprennent ; on ne naît pas raciste, on le devient.
Et depuis mon grand-père s'est remarié avec Rosita, Haïtienne, 300 livres.
Elle a le plus beau des sourires...

Mots d'enfant

Entendu à L'École des fans (dans mes écouteurs : j'avais honte), animé par le très humble Charles-je suis donc beau !-Lafortune :

"- Tu joues au tennis, Cassandre (5 ans)?
- Oui
- Et qu'est-ce que tu aimes du tennis ?
- Ben... c'est parce qu'à la fin, si on est gentil, on gagne un jus !"

Serait-ce qu'en vieillissant on se complique la vie ? Certains, par contre, gardent leur simplicité enfantine :

"- Tu es allé faire la guerre en Irak, George ?
- Oui, parce qu'à la fin, si on est les plus meilleurs, on gagne du jus !"
Pas du jus de raison, du jus noir comme la conscience de Judas.

Demande spéciale de M-Ê (cochonne, va !)

Vieille affaire, mais bon...

Des phéromones
éveillent la bête
qui sourd en mon ventre
lorsque tu me touches
féline

Te voir seulement m'émeut
comme aussi tu me regardes
de tes sourires humectés
je sors les griffes
et gratte la terre ta peau

Mes pupilles ébahies
s'équarquillent perverses
et vagabondent mes paumes
où la chair se liquéfie
entre tes cuisses chauves

Ma bouche
en idylle avec ta gorge
chante la morsure
avec soif
des tes frémissements

Nos corps hésitants
se transmuent
s'osmosent
s'aiguisent de frissons
d'amours épiques

Je viole le temple
aux parfums musqués
te ventouse
les lèvres gonflées
de moiteur et plaisir

un spasme d'un coup d'estoc
marque la victoire des sens
nous retombons alanguis
dans les limbes éphémères
d'une mort temporaire

Et la toile mirageuse
de notre ballet épidermique
s'inscrit indolente dans l'abandon
sur le suaire des draps fripés
comme retombe la poussière

Ton sexe brut exhale
son arôme tiède
dans une chambre voyeuse
qui nous surprend à rêver
de lascifs clapotis

Impudeurs

J'ai pas envie de parler de ma blonde, mais j'aimerais crissement ça en avoir une.

Donc, Impudeurs :

Me coucher sur du papier
m'y sentir étrangement bien
libre
drapé d'impudeur
nu devant
un public inconnu

J'enjoins ma muse à me rejoindre, ici
et ce sentiment, cette liberté
disparait dans l'impression de devenir
le maître-d'oeuvre
d'un viol collectif

Le doux papier
se glace se froisse
retenant l'instant
prisonnier du regard des voyeurs
qui voudraient participer
à l'échafaudage du rêve...

samedi, octobre 09, 2004

Comme c'est con, un con !

En écho à Marie, qui nous rappelait qu'on est tous le con de quelqu'un, un florilège de San-Antoniaiseries.

J'avais des dons de con, j'aurais pu être heureux.
Il arrive au con d'avancer, mais seulement à reculons.
Comment font les cons pour vivre en bonne intelligence ?
Je ne souhaite pas la mort des cons : j'aime trop mes semblables.
Ce sont toujours les cons qui l'emportent. Question de surnombre !
L'obstination, c'est la volonté du con.
Les cons dangereux sont ceux qui luttent contre ta connerie pour t'imposer la leur.
Plus le maître est con, plus le chien est fidèle.
Il faut de tout pour faire un con.
À notre époque, les vieux cons sont de plus en plus jeunes.
Notre drame, c'est que le dernier des cons n'est pas toujours le premier venu.
L'intelligence n'est que l'humilité d'un con qui ne sait pas encore qu'il est con.
Si les cons font la guerre, c'est parce que d'autres cons ont fait l'amour.
Il y a une justice puisque le con a l'air con.
Le con et le boeuf ont en commun l'instinct de certitude.
Un con vivant est plus intelligent qu'un intellectuel mort.
Rien n'est plus voluptueux pour un pas-con que d'être pris pour un con par un con.

Et pour finir sur une note pas conne du tout, cette dernière : Quand l'amour croît en toi, crois en lui !

101 raisons de se taire ou de le dire

Des gens déambulent autour de moi
mais je ne les vois pas
hagard
je marche aveugle
vers un avenir déjà
derrière moi

où sommes-nous rendus ?
en quel État ?

voisins de nos solitudes

Je boude

Pub

Je reviens toujours au bar, mon oasis dans le désert des soiffards errants, le point de rencontre des solitudes attablées. Mon bonheur en vrac, servez-vous : ceci est mon sang, fermenté pour vous !

J'y retourne comme je traverse sans but les niveaux tranquilles du chaos, en tâtant les courbes du déséquilibre, les yeux fermés. Mes pas m'y ramènent sans cesse parce que tant de femmes y restent à prendre, que tant d'unions y sont mort-nées dans l'enfantement du plaisir, et surtout parce que c'est là que, pour la première fois, je t'ai rencontrée en songe...

Bading-Badang : la ville de l'éveil triste, la culbute sur la marche de la réalité éthylique. Où suis-je, la tête endolorie et les muscles en souvenir ? Dans mon lit ? Ah, oui... Dans mon rêve, le tien était plus chaud : je retourne au Boudoir.

vendredi, octobre 08, 2004

Miaousmes

Le chat vient d'arriver dans l'antre que déjà le cerveau s'atrophie. On devient gagas, on parle en bébés. "Minou minou minou...y'é-tu cuuuute...mais qu'est-ce qu'il fait le chat, hein, quoi il fait le chat ?" Comment, qu'est-ce qu'il fait : il fout rien, il te regarde, connard ! Se demande "qu'est-ce qu'il me veut le débile ?"

Une semaine déjà et la zoothérapie vient de céder sa place à l'aromathérapie. Dire qu'au temps des Romains les litières servaient à transporter les nobles en campagne...

Manchette

L'avortement : Jean-Paul II reste penché sur la question...

Pouet pouet

Poète mercenaire
au service du roi des fous
guerroyant la guerre
dans les tranchées de la raison
armé de la patience d'une révolte qui couve
j'irai battre campagne
en troubadour
cracheur de feu, de mots doux
dragon dans la lande
mon verbe mes lèvres et ta langue

jeudi, octobre 07, 2004

Sablier

À un Sahara de toi
L'aridité d'un malentendu
Les regards cachés, voilés
Derrière les dunes

Poussières
La trame des absences
S'effiloche sous nos doigts
En soupirs de verre

Souffles rauques
Craquèlement des voix
Et les pas qui s'enlisent
Dans les sables émouvants

AA, tes seins sont blancs, mes mains si sales...

Illusions

Des phares m'éblouissent
sur la route qui mène à toi
et je prends des raccourcis
qui m'égarent

Mais aucun chemin
aucun aveuglement
ne saurait me perdre assez
pour que je ne te trouve enfin

Déroute

Avoir le vague à l'homme
Le blues du mâle
L'homme rose perd ses pétales
Voyou recherché
Vite banni

Identité en déroute
Égarée dans les reflets
Des miroirs irréfléchis

Pluie de sacoches
À la barbe des belles

Latex

Dansent les râles
sur le mur de brique épousé

boutons de chemise arrachés, épars sur le sol
témoins de notre secret

califourchons aux genoux
les ongles creusant les hanches

amours simièsques de bipèdes
cautérisant l'instant

noces noctambules
sous l'oeil rieur d'un passant insomniaque

nos enfants heureux de mourir
dans des chapeaux de latex

Borgne chauve

Mon borgne chauve s'active en rires spasmodiques dans ton antre moite, larron décrucifié, lascar en liesse se débauchant dans l'ébauche de la nuit, dard furibond, trophée à faire rougir les puces, les pucelles et les putains des ruelles. Ma belle, tu souris aussi, béante, béate de soubressauts, du bout de tes lèvres carminées à l'émotion humide des chaleurs. Transports en commun, communion, union, units, nid, nichée de plaintes couvées sous la croupe du désir. Comme des amants cent fois remis sur l'ouvrage, nous dessinons la tapisserie des jours en guerre au rituel.

mercredi, octobre 06, 2004

L'écriture

Je bois pour oublier d'écrire
Écris pour oublier de boire
Les cris durent
Borborygmes
Lovés noués noyés
Muselés dans mon ventre
Avide
Vide

Les cris durs


Welcome to my nombril !

Je me greffe au Blog. D'abord pour pouvoir répondre à ces artistes (en herbe ou chevronnés) desquels je prends un plaisir quotidien à lire les perles et les boulets, mais surtout afin de me commettre moi-même(commettre/connaître ?). Quelle vanité me pousse à vouloir être lu, reste à savoir. Sûr que ça fait des lunes que je me promets ce criss de coup de pied au cul, la flagellation d'écrire un peu chaque jour, de mourir un peu moins chaque jour. Me faire enfin la main au lieu de la tendre. Au lieu d'attendre que je me réveille avec un bouquin sur le bureau, magiquement mon nom dessus. Me réveiller, quoi !
Bonne nuit, j'ai sommeil...