vendredi, octobre 15, 2004

Comment j'ai appris la honte

Brossard, 1978 (j'ai huit ans), remise de trophées de la ville, tous sports confondus.
Fier comme un nouveau papa, j'attends qu'on me nomme pour monter sur l'estrade. Je suis le meilleur receveur de la ligue ! Je vais enfin pouvoir redorer mon blason. Faut dire, toutes les équipes de la ligue de baseball portaient des noms d'oiseaux, d'oiseaux féroces, imposant le respect. Les aigles, les faucons, les vautours, etc. Nous autres, un cave nous avait appelé les Oies. Les OIES de BROSSARD ! Tabar... Pas besoin de vous dire qu'on s'est fait écoeurer toute la saison. J'entends encore mon père scander "Allez les oies !" en s'étouffant de rire dans sa vingtième bière.

Les lauréats vont tour à tour chercher leur trophée, puis tout à coup le MC annonce que la soirée est terminée...Bravo les petits, clap clap clap. Stupeur ! je n'ai pas été nommé. Mon monde s'écroule. J'ai beau criailler, siffler, cacarder, je suis trop petit pour qu'on m'entende. Tais-t'oie, ricane mon père, avant de s'en mêler et d'aller voir les organisateurs. Il s'agit d'une erreur administrative : mon nom s'est perdu dans les listes. Manque de pot, il n'y a plus de trophée disponible. Touché par les pleurs d'un petit garçon, un gentil monsieur propose de me donner un des trophées non-réclamés. Je vais enfin l'avoir, le criss de ramasse-poussière. On me tend l'objet rédempteur : un trophée... de GOLF ! Honte...

Aujourd'hui, mince consolation : les Expos sont partis et il y a plein de beaux terrains de golf au Québec.
Parfois, quand j'écoute un match de sport professionnel, j'ai envie de crier "Allez les OIES !"
Mais je me retiens et entame ma vingtième bière...

2 commentaires:

Galad a dit...

Serait-ce là l'origine de ton oisiveté?

La Souris & Myrrha a dit...

J'trouve ça cruel...