mercredi, octobre 27, 2004

Patati E.T. Patata

La lecture du dernier billet de Douceophélie m'a rappelé comme les enfants sont méchants entre eux.

Disons que d'un point de vue personnel, j'ai été chanceux à l'école. Je me débrouillais académiquement et tirais mon épingle du jeu aux jeux. Ni cancre ni quart-arrière-débile-adulé-par-les-nymphettes-en-mal-d'hormones, donc. Tous n'ont pas eu cette chance. Un défaut de langage, de mauvaises notes, un physique ingrat, les différents étaient vite têtedeturqués.
Les parias se rassemblaient pour mieux se défendre des ricanements des cons et les cons...ben... ça se tient en gang. Moi, j'étais entre les deux ; bizarrement, on m'acceptait dans chacun des groupes. Ça me permettait d'aller chercher mon méritas sans recevoir une tomate et de jouer au con avec les cons sans trahir les autres. Dans ceux-ci, il y avait mes amis E.T. et Patate.

Le premier devait son surnom à son visage plat qui tenait plus d'un hybride entre une assiette et Mère Théresa (Agnès Gonxha Bajaxhiu de son vrai nom), ainsi qu'au reste de son corps aussi mince et long que le cou de la mascotte à Spielberg. Tandis que Patate était gras comme un violeur inactif, bien entendu. Les deux faisaient systématiquement l'objet des sarcasmes infantiles, le plus souvent catalysés par le grand brandisseur de la bannière des cons, la Terreur, Eric Meiss. Je le nomme, il n'a pas encore appris à lire, alors...

Parler d'eux, en prendre la peine, c'est de raconter la revanche des nerds.

Un jour que nous jouions au ballon-chasseur pendant la récrée, une escarmouche a éclaté entre la Terreur et E.T. Chicane de ballon, comme d'hab. Un lancer vicieux de la part du grand en pleine face de Phone-Home, qui l'avait déjà assez plate comme ça. Boum ! voilà E.T. sur la fesse (sic).
Rires gras.
Mais contrairement à son habitude, le nerd s'est relevé.

«- Toé, mon esti, tu vas arrêter de me niaiser !
- Viens-t'en ti-cul...»

Rires moins gras, cette-fois. Personne de mémoire de primaire n'avait jamais osé défier le grand Meiss.
D'un bond, les mollets pleins d'une energie emmagasinée durant des années de frustration, E.T. se rua sur son adversaire.
Le taureau pendant la castration.
C'est toute la colère du juste qui atterrit sur le pif de la Terreur. D'un unique coup de poing, le monstre fut vaincu. Sonné.
Afin de l'achever, Patate, par souci participatif, alla se munir dans le parc d'une belle crotte de chien, encore toute fraîche, qu'il prit un malin plaisir à écraser dans la face du perdant, toujours groggy.
À partir de ce jour, la Terreur est devenu Ballon-Chiasseur.
J'étais très fier de mes amis.

P.S. : Aujourd'hui, E.T. est président d'une compagnie prospère et Patate a perdu son gras de bébé pour devenir un athlète de 6'4" que l'on a pu voir évoluer aux Jeux Olympiques.
Eric Meiss est en prison.
Moi, je suis toujours dans le milieu.

2 commentaires:

Patrick Dion a dit...

Un vrai conte de Walt Disney ton affaire. Malheureusement, ça n'arrive pas souvent comme ça.

La Souris & Myrrha a dit...

Superbe finale!!

De ce que je sais, de mes bourreaux, 3 sont morts dans un accident de voiture entre 18 et 21 ans. 2 des filles sont maintenant, serveuse de resto (dans un petit village) et caissière dans un Greenberg, je crois.

Drôle comment les plus populaires et prometteurs tombent souvent dans l'anonymat en sortant du secondaire!