mardi, juin 14, 2005

Au boulot!

Texte paresseusement envoyé à Collectivo. Thème de la semaine : Mercredi après-midi à la taverne.


Mercredi est déjà bien entamé pour les Normaux mais, pour moi, le gros reste à faire. Je viens d’ouvrir la grille et de m’en griller une ; les fruits sont coupés, les bières montées, je suis fin prêt à accueillir les grandes gorges quand mon organe auditif intercepte le joyeux drelindrelinement de la boîte à paroles. Je me dis, tiens, le téléphone qui sonne : ce doit être quelqu’un. Sûrement un client qui aura égaré son dentier la veille ou un truc du genre. Je décroche le combiné en usant de cette intonation ténor-fumeur-de-Gitanes qui fait tant craquer les femmes.

« Taverne Soiffards à Paupières, bonjour.
– Allô, qui parle?
– C’est vous.
– Comment? Qui est à l’appareil?
– C’est nous.
– Ok, un farceur… Comprenez-moi bien, je veux dire : je suis où, là?
– Dans la cuisine, dans le salon? Comment pourrais-je savoir? »

Clic. On a raccroché. De nos jours, la politesse est une vertu qui se perd.
Deux pochtrons s’engouffrent dans l’antre. Sentent déjà la vinasse, mais bon, ce sont mes premiers clients, faudrait pas faire le bégueule. Ils seront bientôt plus de cent à se masser devant moi afin de m’admirer en s’humectant la luette. Y’en aura pas de faciles… Je me fais vieux. Faudra bientôt que je pense à accrocher mes patins. En attendant, j’accroche mon plus beau sourire, puis je m’en débouche une bien fraîche. Boutsitt! La soirée s’annonce, jeune et coquine…

Morale : au fait, pourquoi toujours des morales?

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