vendredi, mars 11, 2005

Solidarité

J’avais le visage doucement incrusté dans mon oreiller en poils pubiens de chamelle (moelleux là où ça fait mal !), quand un murmure étrange est venu me réveiller. D’abord le son d’un tambour, du type guerre de sécession ou «oyez, oyez», à roulements ragada ragada ; puis des voix, de plus en plus vives. Une procession de témoins de Jéhovah revendiquant le droit de travailler de nuit, me suis-je dis, ou le Cercle des Fermières en formation triangle pour contrer la hausse carrée du prix de la farine, qui sait ?

Osant un orteil hors du plumard, j’ai décidé d’en avoir le cœur net – j’ai vomi–, puis je me suis rapproché de la fenêtre afin de voir de quoi il en retournait. Vous l’aurez deviné, il s’agissait d’une manif estudiantine bien banale (et non bacchanale-auréat). C’était beau à voir, deux trois cents jeunes (à vue de nez et d’oreilles) heureux comme la promesse d’un futur meilleur, scandant l’éternel so-so-so, so-li-da-ri-té !

J’en étais à cet émoi nostalgique quand je l’ai vu tomber.
Un Asiatique (en sciences physiques ou de la santé, probablement) tout juste grand comme trois pommes du haut de ses vingt ans. Je ne sais trop comment il a fait son compte, mais toujours est-il qu’il s’est retrouvé Gros-Jean comme devant, cul par-dessus tête et la face dans la sloche. Et tout ce beau monde bien élevé de passer devant lui en riant, sans même faire le moindre geste pour l’aider à se sortir de la gadoue. Ravalant sa honte, il s’est relevé, reprenant le slogan du rassemblement : «So-so-so, so-do-mi-sez-moi !», ai-je cru entendre. Mais aurais-je rêvé ? L’accent, sûrement…

Comme quoi de nos jours, même dans la foule, l’accent est toujours sur l’individu.

8 commentaires:

Anonyme a dit...

Les étudiants, moi j'suis contre.
Citoyens debout! Allons battre le pavé! Faisons une marche silencieuse pour les droits des travailleurs de nuit à dormir paisiblement le jour!

Ah, si j'avais fini mon bacc. aussi...

Patrick Dion a dit...

Avec un slogan de même, ça devait être l'accent aigu ouais ! ;-)

Catherine a dit...

Ça fait 6 fois que je relis ton texte, juste pour la chute, elle est vraiment excellente.

Mais en fait je joindrais mes revendications aux vôtres, du fond de toute ma solidarité d'étudiante qui roule sur l'or (faut bien des exceptions pour confirmer les règles), je trouve très déplaisant que les grèvistes prennent en otage MON PAVILLON le jour où moi j'ai un BLIND DATE à qui j'ai donné rendez-vous à MON BUREAU. Pour une raison incompréhensible, les grévistes ont considéré que ce n'était pas une raison suffisante pour me laisser entrer. Je râte mes dates avec la même élégance que mes stationnements parallèles depuis quelques temps.

C'est pour ça que je leur ai envoyé la police...

Anonyme a dit...

Yé! Enfin, un avantage à habiter dans l'est de la ville... Même les pigeons ne se rendent pas ici, ils revirent avant. Alors les manifs...

Catherine: tu râtes tes dates... intéressant, faudrait que tu m'expliques la méthode... tu utilises quelle partie de l'instrument: le manche ou les dents? ;)

G.

Catherine a dit...

@#%??*\%?*!$@&?

J'ai vraiment le lapsus inné. Mais d'ailleurs entre rater mes dates et me prendre un râteau, je préfère encore la première option.

Pour le râteau, quand c'est toi qui le reçoit G je te suggère le manche, ça finit par créer de la corne dans le front, mais ça se prend pas trop mal. Quand c'est toi qui le met sur le chemin d'un homme lourd, essaie les dents... des fois...

Daniel Rondeau a dit...
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.
Daniel Rondeau a dit...

Oups peurdon... J'avais écrit:

Par les temps qui courent, seule la sodomie donne aux étudiants l'accès à une bourse...

Coyote inquiet a dit...

Héhéhé,
C'est pour ça qu'on appelle ça des pets et bourses.

Beau texte la greff.