lundi, janvier 17, 2005

Soif de silence

Un de ces soirs où sourire fait mal
mais les ivrognes ont soif
les chauds must drink on
dans un coin là-bas un couple
qui s’avale
un autre qui se défait plus loin
à grands coups d’orgueil
éventrant la cohue

On les voit souvent
qui aiment se détester
les dynamiteurs d’harmonie
à jouer à la guerre devant les autres
pour justifier leur amour – terne
jusque dans la collision des silences

Un de ces soirs où sourire fait mal
à téter des bières insipides pour affadir les gris
à fumer comme si on allait mourir demain
et ceux-là qui se lèchent ou se laissent
mais les ivrognes ont soif
" Oui monsieur qu’est-ce que je vous sers ? "


7 commentaires:

Patrick Dion a dit...

Hahahaha ! T'es chien ! ;-)

Catherine a dit...

«On les voit souvent
qui aiment se détester
les dynamiteurs d’harmonie
à jouer à la guerre devant les autres
pour justifier leur amour – terne
jusque dans la collision des silences»

Vérité universelle. J'ai connu une fille il y a quelques années qui était spécialiste des engueulades de bar règlées au quart de tour. Je l'ai même déjà vu lancer une chaise par la tête du gars qu'elle disait aimer. Quand on a l'amour terne, on a l'impression de vivre mieux en le scénarisant. Banalité à la sauce mélodramatique.

Je l'ai revu cette fille récemment. Reflet de vitrine. Mais je pense qu'elle a fini par comprendre.

Coyote inquiet a dit...

Très bon ton texte, Lagreff.

Mont-Royal, certains soirs tristes sous le masque tonitruant des rires...

Galad a dit...

Oui, très joli texte.
Tiens, ça me donne envie d'aller boire un verre.
Bertrand fait dire que c'est sa tournée! ;o)

Bertrand a dit...

"Un de ces jours où sourire fait mal
à téter des bières insipides pour affadir les gris"

À croire que tu aperçois un peu ton miroir.
Tu sais, celui qui risque fort de se refléter à l'infini.

Ne me sers rien Jeff.
T'as pas compris.

Ce que je digère mal c'est l'ennui...

Ivrogne de vie, tant que tu voudras.
Ivrogne blessé sans doute aussi.


Mais ça c'est une tournée que je n'offre pas.
Plus.

...

Une piasse....

Lagreff a dit...

Oulala Bertrand, a ne pas prendre comme une vérité qui se voulais blessante – j'ai lu ton texte sur la vérité et partage tes opinions – j'ai voulu faire un clin d'œil à la fin pour alléger la dureté du texte, rajouter ce dernier vers pour montrer que malgré tout, même quand ça ne te tente pas, faut continuer à travailler et servir les clients (surtout ceux que l'on aime. ;-) )

C'est peut-être pas évident, j'en conviens en relecture, mais quand j'écris "un de ces jours où sourire fait mal/à téter des bières insipides pour affadir les gris", c'est de moi que je parle (en travaillant, me pinter la gueule pour me créer l'illusion d'être ailleurs). Ne cherche pas des miroirs, je parlais carrément de moi, des mes boulets et de –tiens, moi aussi – cet ennui que l'on traîne parfois au boulot.
Si j'ai choisi ton nom, c'est parce que je ne pensais pas que tu m'en tiendrais rigueur. Si je pointais quelqu'un du doigt, c'est seulement ce couple vu la veille (que je ne connais pas, d'ailleurs) à s'engueuler en public en cherchant chacun de son bord l'aval des autres. Loin de moi l'idée de cracher sur mes amis et pairs, les gentils ivrognes – je suis le premier sur la liste, j'm'assume. Mais il y a des jours comme ça où, que tu le veuilles ou non, la terre entière te fais chier et t'as pas envie d'aller bosser dans le public. Ce poème se voulait avant tout un blues personnel, pas une insulte.
Finalement, je suis allé travailler et le blues est parti : j'ai eu une très belle soirée avec mes amis ivrognes. Tu aurais dû rester plus longtemps, mais je sais que tu es sage ces temps-ci, alors...
Voilà, vraiment désolé si tu as senti une attaque, ce n'étais vraiment pas le but. Amitiés, Jeff.

Bertrand a dit...

(Deuxième tentative, le net merdouille ce soir)

Monsieur! Monsieur!
C'est pire! :-)

Sérieusement. Ne te censure pas.

L'attaque était réelle, du moins ressentie. La réponse aussi.

Mais c'est aussi le jeu, ici.

Merci quand même d'avoir pris la peine, pour la peine.

Et ne t'en fais pas. On dit que les épreuves font grandir.

Aux dernières nouvelles, je fais 11 pieds huit...:-)