mercredi, février 16, 2005

Bruxisme à la Casa del Popolo

Ils auront eu beau dire, moi je n’ai rien compris.
Parce que, hélas, je n’ai rien entendu.

Pourquoi suis-je toujours le chanceux qui est assis à côté du vieux poète soûlon qui fait le clown au détriment de celui qui a eu l’audace de montrer ses couilles sur scène ? Je n’ai rien contre les soûlons, les poètes ou les vieux, mais la combinaison des trois, affichant son manque de respect en postillons de vinasse, me donne des envies assassines.
Toujours un comme ça dans un show qui veut le voler.
N’eût été de ce Boisvert, passe encore, mais quand c’est toute la salle qui s’est mise à jacasser, je me suis demandé ce que j’étais venu foutre là.
(Pas toute la salle, bien sûr, mais ça n’en prend pas beaucoup pour déranger l’ensemble.)
Sidérant, en plus, de penser que tout ce beau monde a un rapport de près ou de loin avec l’écriture.


En acouphènes
Les égos
Sans trique
De la fratrie fratricide

Donc, le show comme tel… euh… sais pas : pas vu, pas entendu.
Paraît que mes trois comparses d’hier traitent aujourd’hui du même sujet. (Dan, Pat, Cath) C’est confortant, je ne dois pas être fou.
La suite fut de loin plus heureuse. Ai rencontré les sympathiques Dame Mec et Breakwood, pour ne namedropper que ceux-là.
Bon, je vais me recoucher. Chaque frappe sur le clavier m’élance jusque dans la caboche.
Maudite Belle Gueule…
Faut que je sois en forme : ce soir, je vais voir, optimiste, un show de poésie...

jeudi, février 10, 2005

La leçon de morale


Il égorgea la pute en déchargeant dans son con
Une semaine à la regarder pourrir
Oh oui jouir du spectacle
De sa chair lambeaux et miasmes
Effilochée au fil rasoir du temps

Entre deux cafés il pensait
Au projet suivant, à l'aventure :

Violer des nonnes, de vieilles nonnes
En défrîcheur des croutes célestes
Puis de son Zippo – main de Dieu –
Allumer l'essence pour le dernier ballet
Qui les rendrait à Satan

Elle me regardait comme si je venais de la demander en mariage, l'œil vitreux, un mince filet de bave pris entre ses lèvres pétrifiées

" – Qu'en pensez-vous, sœur Berthe ? Les images sont fortes, hein ?

– Fortes de votre folie, oui... Mais le rapport avec le cours de morale, monsieur Lagreff ? On pense vraiment à ces horreurs à 15 ans ? J'avais demandé un court poème sur vos projets de carrière et ce que vous pourriez faire de bien pour améliorer le monde.

– Ben là, voyez-vous, c'est que j'aimerais bien écrire des bouquins. Horreur, policier, fantastique, je ne sais pas encore... Divertir les gens, c'est un plus dans le monde, non ?
Tuer des personnages pour faire vivre des héros, c'est pas d'aller à la guerre, tout de même !
Enfin, c'est pas comme si j'avais parlé de débander dans l'anus d'un enfant mort... "

Au début, pas de réaction. Probablement l'émotion de voir que j'étais un bon petit gars, après tout.
Puis ses lèvres se sont crispées. Un rictus, oui, c'est ça ; j'étais fier de connaître le mot. Elle a penché sa tête vers l'avant, ses lunettes ont glissé de son nez, tout en restant suspendues grâce à la chaînette d'or à son cou. On aurait dit une balançoire à moineaux. Ça s'est passé vite, en fait : ses mains ont agrippé sa poitrine et elle s'est affaissée d'un coup. Une roche dans l'eau. Plouf : la vieille est morte à mes pieds.

C'était la première fois que mon écriture touchait quelqu'un.
J'étais content.

mercredi, février 09, 2005

Plateauzoaire Anonyme

Coming-out :
Oui, je suis bien mal parti dans la vie, je vous jure : natif de Brossard, je me suis exilé à Mourial, trop apeuré à l'idée de ressembler à mes parents ou à un ersatz moins drôle des protagonistes des Voisins, experts dans l'art typiquement banlieusard de ne rien dire en plusieurs mots. (Ouf, mes racines me rattrapent.) Mal m'en pris : j'ai atterri sur le Plateau. Savais pas moi que le quartier perdrait sa saveur populiste pour devenir populaire et donc critiqué et caricaturé, comme tout ce qui fait bon chic bon genre. Comprenez-moi, je ne réfute pas la caricature, elle est saine et justifiée. Je suis le premier à voir que le quartier a changé en 15 ans, que la frénésie d'y habiter depuis 5 ans est démesurée. De la folie, en fait, mais est-ce que ça fait de tous ses habitants des fous ? Faudra-t-il que je m'exile encore de peur de faire partie d'un troupeau. À en croire le courant, on serait tous des poules pas de tête picorant sur la Mont-Royal en se congratulant mutuellement de notre allégeance plateauzoïde.

C'est décidé, demain je déménage à Outremont.
Tant qu'à être pauvre chez les riches...

samedi, février 05, 2005

Si je vous ai bien compris...

" Je suis une vraie femme : j'ai une grosse sacoche ! "

– Brigitte Caron

vendredi, février 04, 2005

Message d'intérêt pudique

Désolé Bertrand, tu ne liras pas tout de suite " Les aventures du crâneur ".
Laisse-moi avaler la pilule. La digestion est plus lente après un épisode du genre.
Demande à n'importe qui au B., on se fera un plaisir de te mettre au parfum.
En attendant, voici à peu près ce à quoi je ressemblais. (Les cernes, c'était le lendemain.)



maquillage : Chloé Lefebvre

jeudi, février 03, 2005

Tout allait bien pourtant

Oui, tout allait bien pourtant : j'allais écrire aujourd'hui.
Je sais pas pour vous, mais moi ça me rend de bonne humeur.
Même si (encore plus quand) le sujet est triste.
Février ne m'atteint pas ; je vis de nuit. Alors, que les journées allongent ou raccourcissent, peu m'en chaut.
Puis j'ai eu le malheur/bonheur d'aller faire un tour dans votre cour, mes chéri(e)s. Que ce soit cette histoire si triste de cet accident si con ou vos chicanes avec l'hiver, le blues m'a aggrippé et me suce la moelle depuis. De ces blues tapis qui se pointent la frimousse pour rien, juste pour faire chier. Un veau...

Me suis dit : fuck le blogue ! y'a pas que ça dans la vie... Même que la vie doit presque être marrante sans torture. Elle a souvent le mérite qu'on s'y attarde.

Pour changer d'état, suis allé prendre une petite marche – eh oui, j'ai bravé le soleil !
Petite, ouf... En fait, j'ai traversé la rue pour me rendre au vidéo. Y ai loué quatre films poches pour me dérider, du type comédie romantique prévisible. Des feel-good movies, comme disent les Vietnamiens. Ben coudonc, un veau encore...

Afin de me transformer en vache qui rit, une valeur sure : je me suis proposé le dernier San-A.
Pas de réussite ici : les gags tombaient à plat, et puis Patrice Dard ne possède pas la poésie qu'avait parfois son père. Aucune, donc, de ces perles qui sortent de la boue.

J'ai alors plutôt opté pour l'excellent Visages de l'affolement, de Jean-Philippe Bergeron. Ben là, aide-toi le veau : c'est trop bien écrit pour ne pas chiâler.

Moi qui ne voulais pas faire de l'exhibitionnisme sentimental en ligne, c'est râpé pour cette fois.

Pour bien faire, histoire de saigner le veau, me resterait plus qu'à aller me coucher en écoutant Cité Rock-Matante.

Bon, j'imagine que je vais déjà mieux.
J'ai écris aujourd'hui.
Mais c'est crier que j'aurais dû.