mercredi, décembre 29, 2004

Snooze

L'araignée tisse dans ma tête
tapissant mes idées d'une soyeuse brume
engourdissant mes membres
pris dans les rets du rêve

Feinte accalmie dans l'œil du cyclone
le réveil guette
la réalité menace
comme une pluie d'enclumes
surgissant d'un ciel éclaté
aussi froide que les yeux
d'un rongeur dans la nuit.

jeudi, décembre 23, 2004

Esprit de bottine

" Le salaire de nos membres est si peu élevé qu'ils en sont rendus à tendre la main en travaillant ! "

- L'Association des travailleurs à pourboires

mardi, décembre 21, 2004

Pierre, Jean, Jacques

Noël approche.
La ville s’est faite belle le temps d’une illusion. Les minarets modernes chantent en dolby le petit Jésus et la pierre arbore des larmes lumineuses, multicolores. Ce serait beau si la misère ne s’était aussi mise sur son trente-et-un.

Pierre a loadé sa carte pour faire croire à ses enfants qu’ils sont heureux. En janvier, ils n’auraient peut-être pas déjeuné si, heureusement, leur école ne s’était située dans un secteur défavorisé.

Jean fait des affaires d’or sur un coin de rue de la Main à tendre la main. Avec toutes ces lumières, ce clinquant dont on a paré la nuit, il est vraiment plus laid. Et comme c’est bien fait, le froid s’est pointé le nez. Il fait vraiment pitié, tant mieux : les affaires sont bonnes. Curieusement, à ce temps-ci de l’année, les gens le voient. Probablement parce que leur marche est ralentie par tous ces sacs de cadeaux et le poids de la honte. On s’arrête pour lui parler, lui souhaiter de joyeuses fêtes, puis on fait danser dans sa main grelottante les huarts qui n’auront pas servi à acheter l’assortiment de trucs-machins-qui-sentent-la-vieille-fille pour la tante Ginette.

Jacques, habillé comme sa chienne, parle tout seul dans sa barbe. Toujours les mêmes phrases. Le même mot surtout, le seul qu’on lui aura appris au Centre entre les rations de pilules de bonheur. Un mot, une gâterie, comme pour les perroquets. Depuis il répète : désinstitutionnalisation. Les messieurs en blanc lui ont dit avec une tape sur le dos : " Va mon bel oiseau, tu es libre ! " Bulle, envole-toi…disparais. Comme sont gentils !

Noël pour fêter la naissance de Jésus. Pourquoi j’ai plutôt l’impression que c’est l’époque où on le remet sur la croix pour montrer sa souffrance à venir ?
La charrue avant l’âne et le bœuf.
Misère…

lundi, décembre 20, 2004

Chroniques de la Mouche

" Ce qu'il y a de bien avec l'âge, c'est que tu peux choisir quoi oublier. "
- Luq Bossé

mercredi, décembre 15, 2004

Modingue

Pour l'oiseau de nuit, le bar a remplacé le placenta.
Il y baigne dans un liquide d'amis autistes...

lundi, décembre 13, 2004

Tintements de taverne

Quand un serveur échappe un verre, son cabaret ou son dentier, il y a toujours quelques morons bien chauds (chauds les morons ! chauds...) pour applaudir et rire comme des gorets.
Ça doit venir de là, rire aux éclats...

samedi, décembre 11, 2004

Échos de taverne

" C'est pas le dégoût qui nous empêchait, c'est le manque d'alcool... " - Benoit Fortier

***

Le client au barman : " Le fort est cher, mais la chair est faible. "
L'expérience de répondre : " Moins le fort est cher, plus la chair est faible, tu veux dire... "


Tintements de verre

Entendu dans un bar quelconque :

" On dirait qu'elle vieillit avec l'âge.

- Moi je trouve qu'elle n'a pas vieillit d'un pouce. "


jeudi, décembre 09, 2004

... nan nan nan nan : Tourissimo !

Un matin, ils ont cessé d'atterrir, les grands pit-pit de fer remplis de japonais. Ils débarquaient, tout sourire, avec au cou leurs boîtes à crystaliser l'âme des pays. Atachtatouk, en bon guide, leur montrait comment taquiner la mouchetée sur une rivière Moisie trop écumée, leur faisait comprendre la poésie des oiseaux en dehors des cages et la beauté de l'orignal qui, dans un grand élan d'amour, se roule dans sa pisse en guise de cour à sa femelle. Il les avait attendus un peu, se demandant ce qu'il pourrait bien faire maintenant. Sans l'argent du blanc (du jaune dans ce cas-ci), comment faire pour vivre ? c'est à dire descendre à Kebek pour s'acheter du rhum, des femmes et d'la bière nom de Dieu !
"Ben coudonc, se dit-il en aparté et en (gai-l')Huron, je vais retourner dans le bois, pendant qu'il en reste."

Univers sonore : Kashtin à la radio.
Comme je ne comprenais rien, je me suis dit qu'il s'agissait peut-être d'une histoire sans morale, avec seulement des mots pour bloquer les trous.
P.S. : Je sais que Kashtin, c'est en Montagnais, et qu'il n'y avait pas de Hurons dans le coin de la Moisie.

Flûte de pan de mur

Angoissé par deux secondes sans parler
Étourdi de silence
J’irai brasser la cage à mes vérités, en criant
Trois fois mon nom

Je me moi, m’émoi, mais moi...

Comprendre ce que je tais de vive voix
Crier la poussière au grenier
L’immuable du meuble
Crasse des jours ; la mélancolie

Faire le paon de ce mur
Où je me suis embriqué

Désaimer mucho

Avec la langue la cruelle alliance
Papilles irritées par les mots rabots
Cascadant de mes lèvres
En torrents sonores humide magma
De pensées tordues malades comme la vie
Mon cœur malade refait peau neuve
Dans la solennité de l’aveu
Je n’envie plus d’être
Nous en veux d’avoir été

Lasalle, 14/03/00

mercredi, décembre 08, 2004

Tic tac

Passages
de l'enfance à l'adultère
de ma vie dépossédé
dans ces yeux miroirs, de moi
fondu dans la masse des secondes
altier et fat devant l'inéluctable, ce jour
où je me m'amalgamerai aux souvenirs
attendre la mort, depuis sa naissance
dans l'inconscience d'être
et se réveiller un jour, trop tard, enfin
décédé à vivre

jeudi, novembre 25, 2004

Superstitions

Ce matin, je me suis vraiment levé du mauvais pied. Je ne sais s'il s'agit du gauche ou du droit, toujours est-il que mon talon a fracassé le petit miroir dont je me sers pour admirer mon derrière (de crâne, s'entend, quand je me clippe les restants. Bande d'esprits tordus !)
Je sais, je sais, vous allez me demander qu'est-ce qu'il faisait au pied du lit, ce miroir.
Et bien disons simplement que mon antre n'est pas un exemple de rangement. Hum...
Sept ans de malheur ! J'ai cassé mon dernier miroir il y a sept ans à peu près ; je pensais avoir bientôt droit au bonheur. Merde !

Je suis d'ordinaire très peu superstitieux. Mais n'essayez pas de me faire passer sous une échelle en cassant un miroir. Pourquoi ces deux croyances et pas les autres ? Sûrement parce que ce sont les premières que j'ai entendues, à cet âge où la tête est un coton-fromage qui retient tout le ricotta. (Tournicotti, tout le ricotta - scusez-la)

Ventilation :
Une que je ne suis plus capable d'entendre :
Sept ans de mauvais sexe pour ceux qui ne se regardent pas dans les yeux en trinquant.
Faut se regarder dans les mirettes, oui, mais seulement pour marquer une forme de respect envers son/ses partenaire(s) de libations. Mais quand on est 30 à devoir cogner nos shooters et se lorgner les quenœils (sic), pour la 42e fois en une soirée, là je trouve qu'il y a exagération.
De toute façon, si ça fait sept ans que tu n'as pas eu du bon cul, t'es un petit gros laitte qui ne se fait pas payer de shooters.
À cause de mon état de barman/alcoolo, j'ai du manquer approximativement 23 754 paires d'yeux en trinquant, en je ne m'en porte pas plus mal, pas moins mâle.

Morale : Trop se regarder trinquer n'assure pas un avenir de bon sexe. Je dirais même que...

P.S. : Toutes mes excuses aux petits gros laittes qui baisent à fond.

mercredi, novembre 24, 2004

Les Bas de Hurlevent

La maison des hurlements
Orgueil et incompréhension
Pleine de silences éventrés
Bâtie sur la boue
Du doute

La jalousie siffle
Dans les interstices
Lugubres acouphènes
À rendre dément
Les loco-locataires

La haine postillonnée
Frappe des murs sans oreille
Hante les corridors
Les cris s’amoncellent
Fumier dans le grenier

Déménager serait vain, il faut refaire les fondations

samedi, novembre 20, 2004

Modingue

Parce que ça chie un peu trop au Moyen-Orient, les amerloques vont maintenant aller magasiner leur pétrole au Darfour-Laval.

mercredi, novembre 17, 2004

D'humeur Massada

Yasserré la hache de guerre une fois pour toutes. Passé l’arme à gauche, comme on dit, lui qui d’armes n’avait que de petits cailloux à lancer dans la mer de l’indifférence. De lancer la première pierre créa des sillons qui fit entendre la voix des siens dans leur combat pour avoir le droit d’exister.
Le vieux guerrier peut enfin se reposer.
Goliath, lui, peut aussi se reposer et rire dans sa barbe (ou dans son tank), pendant que David va se garrocher des cailloux-boomerangs.
Beaucoup de corbeaux et peu de colombes.

J’étais en Israël en 1989, en pleine Intifada. Pendant qu’un illuminé mitraillait des croyants dans une église à Hebron, je pétais de joie dans la mer Morte (à ne pas essayer : ça brûle). L’Éden. Je flottais de bonheur, insouciant, jeune et surtout, libre. Puis j’ai laissé le circuit touristique pour me rendre dans les territoires occupés, à Hebron justement. Là j’ai commencé à me sentir gêné. Gêné d’être libre, d’être né dans un pays où on ne me demandait pas de mourir à petit feu ou de m’immoler pour la cause. Le malaise augmentait à mesure que les persiennes anti-balles se refermaient sur mon passage, dans les décombres de cette ville qui n’en est plus une. Et malgré tout, derrière les persiennes, quelques sourires.

L’inextricable du conflit m’effare. Qui des deux partis n’y a pas perdu un membre de sa famille ? J’ai parlé tant aux Palestiniens qu’aux Israéliens, qui me disaient tous être contre la guerre. Pourtant, derrière le discours, au fond des yeux : la haine. L’iniquité dans le combat me fait pencher pour la cause palestinienne. Mais s’ils étaient aussi riches et armés que les juifs, la paix trouverait-elle plus son chemin ? Pas sûr, han madame, comme dirait l’autre.

C’est à cette période que j’ai visité les ruines de Massada, une forteresse au sommet d’une montagne qui abrita la résistance juive face à l’envahisseur Romain. Le siège dura dix ans. L’histoire veut que les Romains durent bâtir une route en serpentins à même la montagne pour parvenir au sommet. À leur arrivée, ils trouvèrent tous les Zélotes morts. Suicide collectif.
Dix ans pour rien. Toujours pour rien.
Après avoir gravit la montagne à l’aube, avec ma gang, nous nous sommes installés pour un petit gueuleton à base de bouteilles de rouge, pâtés et baguettes. Bouffer comme des rois pendant que le soleil se lève sur la mer Morte, imaginez le pied !
Pendant que nous bections, une nuée de corbeaux tournoyaient au-dessus de nos têtes en croassant leur mélopée lugubre. Ballet de fantômes…
J’observais leur manège, quand tout à coup la masse noire s’est fragmentée. Zébrant le ciel, un éclair blanc.
Elle vola au milieu des corbeaux pendant un temps, puis vînt se poser à nos pieds.
Une colombe.
Elle nous a regardé quelques secondes, clin d’œil, puis elle a continué sa route.
Et les corbeaux lui ont foutu la paix.

J’ai toujours très vive en tête cette image. Pendant une minute, j’ai pensé à l’espoir.

vendredi, novembre 12, 2004

Modingue

Au fond, pour s'entendre dans un bar, faut juste parler un peu moins fort.

(clin d'œil aux amoureux)

jeudi, novembre 11, 2004

Engagez-vous

En ce jour du souvenir, une pensée pour les anciens combattants,
ainsi qu'une spéciale pour ceux du verbe.

Malgré la poudre aux yeux
en rafales à blanc ma tête
postillonne les balles perdues de son savoir

Touché par un détachement armé
mon cerveau se coupe du reste du corps en saignant
pendant qu'au front faseyent les drapeaux
de la guerre des si et des pourquoi

Et je m'avance en terrain miné
pleurant des larmes à gauche
une fleur au bout du futile

À la fois fusil et cible
je me tue à dire la lourdeur
de l'arme qui se frotte
à la poignée dans mon dos

Le châtiment se hisse à la hauteur de la faute
mais il me semble être innocent
et pourtant
je dors les yeux ouverts

L'esprit le plus vif court toujours moins vite qu'une balle.

mercredi, novembre 10, 2004

Dahab

Merci Galad de m'avoir inspiré. À mon tour de te conter mon expérience à Dahab.

Joli petit village bédouin sur les bords de la mer Rouge (jusque là je copie...), Dahab est au fond le Katmandou de l'Égypte. Un bled perdu dans un sablier où s'échoue l'escargot dériveur, le temps de poser sa maison sac à dos, de remplir ses piles de farniente. Rien d'autre à y foutre que de faire le bacon ou de nager dans la mer parmi la plus belle faune de poissons tropicaux de la planète. Curieusement, la plongée n'était pas l'activité principale des drifters (pardonnez mon Népalais). Le sport national à Dahab : fumer du pot en jouant au backgammon. Ou vice-versa. Ça ou ne rien faire, c'est tout comme. Après deux jours, c'est lassant (quand on a 18 ans, s'entend, maintenant je ferais ça à vie). C'est pourquoi nous décidâmes de nous payer une ride en chameau, mon accolyte de voyage Jimbob Tranchemontagne et moi-même.

Hmmm, tanguer sur la bête en longeant cette mer si bleue qu'on la dit Rouge... Le pied géant !
Mais comme rien n'est parfais, il y avait aussi notre guide, qui ne cessait de nous harceler pour un 20$. "Gimme twenty, gimme twenty". Aussi fort en géographie qu'en affaires, il plaçait le Canada "near la Germany". Parfois, alors qu'alanguis par le pas des camélidés nous nous assoupissions presque au bruit des vagues, il retentissait d'un puissant "Canada Dry" ! Un fou, je vous dis. C'est comme ça qu'on a appris que, bizarrement, l'empire Coca-Cola s'était arrêté aux frontières de l'Égypte, où les seules boissons gazeuses disponibles étaient de marque Canada Dry. Anyways...

Anecdote notable, la cérémonie du thé :
Nous sommes arrêtés dans un petit oasis. Jim vient de débarquer de son mastodonte quand on entend un formidable renaclement. C'est le chameau qui vient de se ramasser un glavion, deux livres de morve, qu'il s'empresse de cracher à la tête du pauvre Jim, tout englué. Pas juste les lamas, non... L'odeur de la bave de chameau, je vous dis pas. Rappellez-vous une vieille tante qui fumait le café et buvait la clope par une journée de canicule.
Pendant qu'on s'esclaffe, les bédouins préparent le feu pour le thé et le pain.

Pour le thé, pas compliqué, des feuilles en infusion dans une eau à peine réchauffée. Dégueu : on peut apercevoir des organismes nager dans le verre ! Le pain s'avère tout aussi dégueu. Le guide mélange avec ses doigts abominablement crasseux la farine à l'eau (la même que pour le thé, bien sûr), puis il étend la pâte sur une plaque rouillée qu'il met sur le feu. Une fois cuit, le pain sert à éteindre le feu. Question de prévention contre les incendies de forêt, j'imagine. En plein désert... Pita au goût de cendre et thé vivant, donc. Lois de l'hospitalité obligent, c'eût été jugé très impoli de refuser.

Pourquoi cette anecdote ? Parce que de retour à Dahab, j'ai compris pourquoi l'inactivité était ici généralisée : chacun en arrivant s'était payé un camel trip et avait goûté aux bontés bédouines. Z'auraient pu nous avertir, les dériveurs scotchés au backgammon, dans un café muni de toilettes. Trois jours... Je ne vous raconte pas...

mardi, novembre 09, 2004

Teuf teuf


Paraît que la cigarette tue. Le ridicule, non, heureusement...

dimanche, novembre 07, 2004

Miaou mix

Pour écrire les Ulysseries, j'ai dû relire en partie mes carnets de voyage.
J'avais oublié comme il m'avait été difficile de redescendre sur Terre après avoir loué une piaule au Paradis.
De réapprendre le quotidien, l'apprivoiser. Puis le temps est passé et je me rends compte que je m'y suis embourbé. Avoir regardé trop longtemps le soleil, s'être brûlé les rétines, revenir les yeux mi-clos et finir endormi dans les bras de Morphine...
Je trouve ironique que j'aie pu devenir si sédentaire après un tel voyage (France, Italie, Grèce, Israël, Égypte, un mois par pays). Depuis, je suis le chat nourri-logé chez ses maîtres. Dehors, c'est l'inconnu, alors le chat à sa môman y reste dans sa litière à gratter sa merde. Maudite routine.
Grrr, je repars à la mi-août.

Ulysseries 2

" Ici, la police se promène à pied avec des casques de moto sur la tête (bon choix), alors que les motocyclistes chevauchent leurs montures nu-tête. Comme dirait Obélix, sont fous ces... "
Le Caire, 21 nov. 1989

" (...), nous nous rendons à nouveau au Theatro Sexy, dans cette salle paroissiale surchauffée, avec le même annonceur-bingo hué à chaque apparition. Même clientèle qu'hier : bossus, vieux salingues et soldats puceaux. Plus deux Québécois désireux de renouveler cette expérience anthropologique.
Les effeuilleuses sur le retour qui font du lipsing en s'enfargeant les lèvres sous le poids du maquillage sont toujours aussi drôles. Tout comme ces deux acrobates de 250 livres - mari et femme - qui défient la mort à six pouces du sol en survêtements de lycra. Fellini qui s'étouffe avec une nouille.
Le show est suivi d'un film porno américain. Je n'ai rien compris, c'était en italien...
Autant la foule pouvait être survoltée pendant le spectacle, maintenant c'est dans le plus grand silence qu'elle s'absorbe à comprendre les circonvolutions de l'âme humaine. Nous quittons sur la pointe des pieds, respectueux, salués sous la musique des clapotis de la cohorte... "
Rome, 6 déc. 1989

À suivre.

vendredi, novembre 05, 2004

Ulysseries

« Paris est un urinoir qui perle bien. »
Paris, 23 août 1989

« (...) saleté de température, on crève le jour et on gèle la nuit. Il est vrai que la mer, c'est plutôt humide comme endroit... »
Corfu, Grèce, 24 sept. 1989

« (...) en mangeant un hamburger en résine de synthèse, je prends des photos d'un âne et de son con de proprio. Au développement, on ne saura distinguer l'animal du maître. »
Patras, Grèce 28 sept. 1989

« Le guide me parle en arabe et je lui réponds en français. Nous avons une conversation en sourd-muet, mais nous sommes manchots... »
Dahab, Égypte, 18 nov. 1989

« Le serveur, échappé de l'asile en jaquette d'hôpital, me dévisage comme si j'étais la réincarnation de Ramsès (nervuré pour son plaisir) ou un des martiens d'Orson fraîchement débarqué de la planète Radio. »
Le Caire, Égypte,19 nov. 1989

« J'ai l'impression que les Caïrotes (sont cuites), lorsqu'ils sortent les vidanges, oublient de les mettre dans des sacs verts. Disons que les différences culturelles se font sentir... »
Le Caire, Égypte, 20 nov. 1989

« Pour traverser l'équivalent du boul. Métropolitain, la technique est simple : il faut courir droit devant soi, tête baissée, les yeux fermés. Ou encore faire comme l'habitant, traverser tranquillement en stoppant les voitures d'un salut nonchalent de la main. J'ai essayé la première option, mal m'en pris : un des conducteurs regardait ailleurs. Résultat, une Mercedes emboutie, deux chèvres esquintées et un Québécois qui a fait dans sa culotte. »
Le Caire, Égypte, 20 nov. 1989

À suivre...

Je suis réélu, Messie beaucoup !

" Redessiner une ville sur une carte, raser 20 000 taudis et y mettre des parcs, y amener des rivières, planter des millions d'arbres et enfouir la circulation sous terre ; aller jusqu'au bout de son imagination, donner sa maison à chaque ouvrier avec jardins et chèvres. Faire surgir mille hôpitaux, mille théâtres, mille universités, mille restaurants gratuits. Cela est moins coûteux que de voter la pllus petite des guerres. "
- Félix Leclerc, Le calepin d'un flâneur, p.80

mardi, novembre 02, 2004

Larmes d'encre

J'ai voulu me faire mal
pour te sortir de ma peau
et c'est ainsi qu'un aigle
s'est posé sur ma poitrine

J'aimais mieux souffrir
de cette liberté maudite
aussi mordant ma chair
sont apparus ces barbelés

Gravure d'un bateau en mouillage
dans mes pores d'attache
Comme un naufrage sur mon bras
L'ancre s'estompe dans l'amer


lundi, novembre 01, 2004

Pleurer devant une cuisse de poulet

Il venait d'inventer le concept du « Gatif », l'inverse du négatif, mais qui, selon lui, n'avait rien à voir avec le positif.
J'avoue n'y avoir jamais rien compris.
Il me perdait souvent, le Bruno, avec ses concept à la mord-moi-le-nœud. Peintre de son état, prof de philo de formation, il trouva plus tard refuge dans un asile d'aliénés. Comme employé, s'entend. À la cafétéria, si je ne m'abuse. (Ne pas sous-estimer la tâche de faire manger un Jel-lo à un zinzin qui rit tout le temps, mais qui ne cherche qu'à énucléer son voisin avec sa cuillère en plastique dès que tu as le dos tourné.) Un bel hurluberlu, quoi. Son mantra : « Jeff, tu le sais que je t'aime, hein ? On va rester amis toute notre vie, dis ? » Fallait le rassurer quinze fois par jour. Le prénom était à remplacer par n'importe qui faisait partie du cercle très restreint de son amitié. Très sociable, cela dit, mais il n'acceptait de parler qu'à des gens référés par un de ses, disons cinq, meilleurs amis. J'eus la chance de faire partie de ce groupe sélect pendant quelques années, puis la vie a suivi son cours et nous nous sommes perdus de vue.

J'ai pensé à lui aujourd'hui, à ce jour où je suis entré dans son giron, peu après avoir payé ma livraison de bouffe : 22$ avec tip pour une poitrine de dents de poulet nappée d'une sauce au museau de gnou et rotule de chèvre. J'ai grapillé quelques bouchées, sans appétit, pour finalement donner le tout à Gertrude, ma poubelle. Méchant gaspillage, quoi.
Pour apprécier, faut avoir faim.
Comme en ce jour de l'an de grâce 1994, alors que j'habitais avec Ben dans le palace aux murs roses de la rue Papineau. On étaient pauvres comme Job, sans job. Tellement pauvres que nous faisions du thé avec nos vieux bas. (Juste avec les bas à Ben, on remplissait la théière. La manne !) Pas que nous soyions à plaindre - on avait bu tout notre soûl les jours précédents, cigales... -, n'empêche : il faisait faim.
Ne nous restait comme ingrédients que des pâtes à lasagne pré-cuites et de la sauce soya. On fit néanmoins la recette, à laquelle nous nous efforcions de trouver des qualités, par dépit, quand le téléphone sonna. C'était Bruno.

« - Comment y va mon gros doudou ?
- ... (la honte rend muet)
- Dis-donc, pogne ton stock pis viens-t'en à maison, on se fait une bouffe pour la fête à Bénérice (sa fille).
- Bof ça me tente pas vraiment aujourdhui, l'année prochaine peut-être... »
Arriver les mains vides ne se fait pas, et Ben ne voulait pas s'imposer. Mais Bruno, connaissant son homme, ne lui laissa pas le choix.
« - Arrête de niaiser, je sais que t'as même pas d'argent pour te payer une corde ; c'est pas pour la charité, mais tu sais comme Béné t'aime, faut que tu sois là !
- Ouais, o.k., mais... je suis avec mon coloc, tsé Jeff...
- Qu'il vienne ! Les amis de mes amis sont rois dans la casa. »

Souper de roi s'il en fut, que dis-je : agapes, festin ! Des cuisses de poulets, du vrai ! avec des LÉGUMES ! La bière à flots, le vin (de la piquette, meilleure que ma première têtée), les clopes, le tout offert en toute simplicité. Nous avions refait le monde toute la soirée pour finir par peindre une croute, un coup de pinceau à tour de rôle, représentant...euh... je ne sais plus ; ce devait être plutôt abstrait, vu notre alcoolémie (dans le temps, nous buvions pas mal...). Puis nous avions écrit un poème collectif. Pas besoin de vous dire que j'avais de l'inspiration. Nous étions arrivés la queue entre les jambes et Bruno nous a fait bander. Ne serais-ce que pour cette soirée, merci mon chum. Merci de m'avoir inculqué cette notion, non pas celle du « Gatif », mais celle du bonheur dans l'instant.
Et oui, rassure-toi, amis à vie.

Faudrait que j'appelle Dan pour une finale rigolote ou une morale intelligente.
Mais l'appétit n'est plus à l'écriture.
J'ai un téléphone à faire.

samedi, octobre 30, 2004

Chienne de vie

Le vieux

Derrière ses yeux doux
le regard d'un chien fou
écumant sa rage en ne mordant plus dans la vie
dévorant les restes d'après-midi solitaires
en compagnie de louves édentées

Il arpente les corridors de la sénélité
croupissant dans le foyer des miasmes humains
aucune trace dans sa mémoire
de sa bohème trépassée

Du fiel plein la bouche
n'en rajoutez plus la couche est pleine
c'est la terreur du centre
le dentier aux canines acérées

Une sale peau un rire sadique
la voix grave catarrheuse
la rognure d'humanité le sous-genre
crache sa hargne
à ceux qui l'ont honni

Là-bas au foyer du feu dans les yeux
le vieux attend la mort
la mort
ou des nouvelles de sa famille

vendredi, octobre 29, 2004

Velléités

Aujourd'hui, j'ai vraiment envie d'écrire.
Je vais prendre mes couilles à deux mains et retrousser mon manche. Ce sera peut-être une nouvelle érotique...

jeudi, octobre 28, 2004

Écriture automatique tac toe

hier soir de toute manière
j'étais liquide et ailleurs
- Tony Tremblay, rue pétrole-océan, p.31


Dunn's
centre-ville moribond tranquille ce soir
un coke fontaine me gruge les gencives
le crayon à la main
le gras du bovin dans l'autre
un espoir de lucidité dans la troisième
polyvalence des sens atrophiés
remettre à trois mains ce qui ne peut attendre

pendant que Bennett chante ou pleure je ne sais
Tony truand Tremblay se laisse lire magnanime
absence retour se fondre en marge en page
échos de vaisselle je n'ai même pas faim
ma nourriture est d'encre

seigle en fuite mes doigts huileux
ça dégouline sur le crayon
je mange comme j'écris
de la main gauche
qui enfourne les patates bouchons
les artères malades les veines en sang
bouche molle automate

(pause)

j'éructe
nouveau décor ambiance d'un or gris
les clients ne pullulent pas
seul con comme un sac de roches
au milieu des jambes qui s'échinent
à ne pas danser

Tony t'es où
tiens pour peu je t'appellerais
mais t'es déjà là
te lire en la cité des pétroleuses
l'ironie se marre
l'incongru avance mais je suis assis
Eminem n'est pas content

la fausseté ici me rassure
le cercle des fermières se referme
arrive un sourire sur des talons hauts
- hi you beautiful
- me manque 10 $ pour vous aimer madame
comment allez-vous
sourire vampire devenu brume
clac clac les talons me tournent le dos

Chateau du sexe
l'illusion est totale
je me crois en Espagne
voyage en souvenance
du temps des mouvements
dans la peur ou l'attente
de la schizophrénie

mercredi, octobre 27, 2004

Patati E.T. Patata

La lecture du dernier billet de Douceophélie m'a rappelé comme les enfants sont méchants entre eux.

Disons que d'un point de vue personnel, j'ai été chanceux à l'école. Je me débrouillais académiquement et tirais mon épingle du jeu aux jeux. Ni cancre ni quart-arrière-débile-adulé-par-les-nymphettes-en-mal-d'hormones, donc. Tous n'ont pas eu cette chance. Un défaut de langage, de mauvaises notes, un physique ingrat, les différents étaient vite têtedeturqués.
Les parias se rassemblaient pour mieux se défendre des ricanements des cons et les cons...ben... ça se tient en gang. Moi, j'étais entre les deux ; bizarrement, on m'acceptait dans chacun des groupes. Ça me permettait d'aller chercher mon méritas sans recevoir une tomate et de jouer au con avec les cons sans trahir les autres. Dans ceux-ci, il y avait mes amis E.T. et Patate.

Le premier devait son surnom à son visage plat qui tenait plus d'un hybride entre une assiette et Mère Théresa (Agnès Gonxha Bajaxhiu de son vrai nom), ainsi qu'au reste de son corps aussi mince et long que le cou de la mascotte à Spielberg. Tandis que Patate était gras comme un violeur inactif, bien entendu. Les deux faisaient systématiquement l'objet des sarcasmes infantiles, le plus souvent catalysés par le grand brandisseur de la bannière des cons, la Terreur, Eric Meiss. Je le nomme, il n'a pas encore appris à lire, alors...

Parler d'eux, en prendre la peine, c'est de raconter la revanche des nerds.

Un jour que nous jouions au ballon-chasseur pendant la récrée, une escarmouche a éclaté entre la Terreur et E.T. Chicane de ballon, comme d'hab. Un lancer vicieux de la part du grand en pleine face de Phone-Home, qui l'avait déjà assez plate comme ça. Boum ! voilà E.T. sur la fesse (sic).
Rires gras.
Mais contrairement à son habitude, le nerd s'est relevé.

«- Toé, mon esti, tu vas arrêter de me niaiser !
- Viens-t'en ti-cul...»

Rires moins gras, cette-fois. Personne de mémoire de primaire n'avait jamais osé défier le grand Meiss.
D'un bond, les mollets pleins d'une energie emmagasinée durant des années de frustration, E.T. se rua sur son adversaire.
Le taureau pendant la castration.
C'est toute la colère du juste qui atterrit sur le pif de la Terreur. D'un unique coup de poing, le monstre fut vaincu. Sonné.
Afin de l'achever, Patate, par souci participatif, alla se munir dans le parc d'une belle crotte de chien, encore toute fraîche, qu'il prit un malin plaisir à écraser dans la face du perdant, toujours groggy.
À partir de ce jour, la Terreur est devenu Ballon-Chiasseur.
J'étais très fier de mes amis.

P.S. : Aujourd'hui, E.T. est président d'une compagnie prospère et Patate a perdu son gras de bébé pour devenir un athlète de 6'4" que l'on a pu voir évoluer aux Jeux Olympiques.
Eric Meiss est en prison.
Moi, je suis toujours dans le milieu.

mardi, octobre 26, 2004

Quelqu'un, c'est bien ; mais deux, c'est mieux !

Je me suis surpris à penser aujourd'hui que toutes nos pensées et actions tendaient invariablement vers le même but : trouver l'âme sœur. Coûte que coûte, le plus tôt sera le mieux. Comme si dans l'ABC du bonheur, en alinéa 1, était inscrite en lettres de feu l'obligation de vivre à deux.
Génétique ? Manger, s'abriter, dormir, se matcher ? Un réflexe de survie, quoi, égoïste.
Sommes-nous esclaves d'une telle quête, avec un boulet à traîner dans la course folle, notre propre âme.
Que de drames, que de mots sur l'amour, ce sentiment que nous nommons pour faire bonne figure, quand il ne s'agit que de cacher son impuissance à vivre en solitaire dans la foule.
Trop pissous pour vivre seuls, quand vient le temps des monstres sous le lit, l'on sent le besoin de communiquer notre pétoche à quelqu'un d'autre, pour se rassurer. Idéalement, une personne plus peureuse que soi pour qui nos bras se feront puissance et réconfort. Sentiment fugace d'invulnérabilité en pied de nez factice aux autres pleutres.
Les boucliers ne saignent pas.

lundi, octobre 25, 2004

Prière du macho

Mesdames,

Puisse le ciel s'il existe
m'accompagner dans ma quête
et m'indiquer le chemin
vers des valeurs plus pures

Je ne sais si un jour
grâce à de divins augures
je pourrai laver votre honneur
belles que j'ai souillées

Que ne faut-il d'inspirations
pour exhaler en un souffle
les habitudes incrustées
depuis l'enfance qu'on dit tendre

Et saurai-je bannir de mon esprit
les avanies commises
au nom d'un dieu
que je croyais être

La fatuité m'a égaré
comme elle perd les plus nobles
et vous offrir réparation
me semble aveu de courage

Sachez que je regrette
des tréfonds de mon âme
ces transports qui m'ont valu
d'être éloigné de votre grâce

Aussi me redonneriez-vous
l'espoir qu'un jour béni
je puisse attendre de vous
la miséricorde des justes

Ce serait m'obliger grandement
que d'accepter les plates excuses
d'un repentant sincère
qui ne vous mérite pas

Je ne saurai trouver le repos
tant que votre main menue
n'éloignera cette menace
d'un poignard sur mon coeur

Aussi vous enjoins-je à genoux
de consentir à accorder
au satyre que je suis
un pardon redempteur

P.S. :
Veuillez mesdames en toute candeur
Agréer l'expression ricaneuse
De ma bite turgescente
Qui ne se lasse de vous aimer...

Silences

Silence, j'écoute
le vent dans les feuilles
la blatte qui s'enfuit
les voitures qui pètent
la voisine qui pisse

Silence, j'entends
le réfrigérateur frileux
le calorifère en chaleur
les acariens se battant pour ta peau
toujours la voisine qui pisse

Silence, j'apprends
l'émotion qui suinte
ton orgasme qui se retient
le mien qui s'en va
la pisseuse qui voisine

Silence, j'imagine
les grillons qui carillonnent
un jour se levant
la nuit qui s'efface
la pisseuse qui s'essuie

Silence
le lit est plein
de petits silences
qui bourdonnent en vacarme
dans mes musées de cire

Silence
l'eau part en chasse

dimanche, octobre 24, 2004

Le coeur aiguillé

Au coin d'une rue sans visage, une ingénue trop fardée distribue des caresses malhabiles. Fille de joie : elle pleure.

La pute défait le trottoir, perdue dans un chagrin qu'elle se tue à assassiner, son ventre égorgeant un son prisonnier. Errante arpentant la salle des pas perdus, elle attend que passe le train de sa mémoire.

Le coeur aux objets perdus, en charpie, plein d'éclats de verre pilé, elle se pile sur le coeur, s'écoeure.
Jusqu'au prochain client, l'archange annonciateur de la venue du fix de Dieu.
Christ !

Croisades

Allons pugnaces au-devant de l'amour
Haranguaient des chevaliers optimistes
Avant de se voir revenir en manque
Qui d'un bras qui d'un sexe qui d'un coeur
Pugilistes meurtris d'un combat inégal
Où portent les coups bas

jeudi, octobre 21, 2004

Lettre au présent imparfait

On s'en fait-y un ? qu'avait demandé papa par un soir de grand froid qui vous mordait les fesses. Et toi, naturellement, tu avais souri des lèvres et des jambes, simplement heureuse que le petit con prenne enfin de la graine. Il est lent parfois, papa, mais il finit toujours par comprendre.
Oh, je ne veux pas faire de chichis, l'idée était bonne, je vous l'accorde...
Merci d'avoir pensé à moi !

Mais à quoi il pense, le grand fafouin comico-cosmique, des fois je vous jure...
T'inventes l'eau, l'air, les fleurs, puis des trucs tout croche comme moi. À croire qu'il aurait fait un cauchemar le dimanche en se reposant. Pas fort Big-Bonhomme ! On ne se dit pas Dieu comme ça sans prendre de précautions, faut pas lésiner ! À son image, quelle connerie, oui !

Je me voyais déjà faire la grasse matinée de la vie, gazouiller, apprendre à marcher, à lire, à jouer du trombone, faire l'amour (hihi, ça, ça a l'air le fun !), être heureux, quoi. Me semble que je n'en demandais pas beaucoup.

Et puis le grand monsieur en blanc qui vient faire son savant pour épater la galerie avec ses mots qui ne sont que dans son dictionnaire à lui, avec sa grande oreille à écouter ton coeur en chamade. "Rien n'est sûr. On va faire des tests", tellement de tests que ça prend une batterie... Et viens que je t'ausculte de ta dignité, que je te triture (même s'il est gentil, ça fait mal, je le sens. Mais tu ne te plains jamais, tu es forte !)
Puis les résultats, toujours les mêmes... toujours les mêmes qui ont tout, oui ! Moi, il l'a dit le grand monsieur en blanc, je n'aurai jamais rien. Déjà qu'il me manque des bouts, je ne verrai jamais la lumière à celui du tunnel. Et finalement, il te conseille fortement de mettre fin à ma vie, alors que tout ton corps et ton coeur n'auront jamais autant désiré que de me la donner. Et je t'en remercie. Et te remercie de ta décision.

Tu voulais veiller sur moi toute ta vie, et voilà qu'un grain de sable dans la machine vient tout bousiller, voilà que maintenant ce sera à moi de veiller sur toi du haut de mon nuage, sur toi et sur papa, puis sur futur frérot et future soeurette ; parce que tu n'as pas à supporter le poids de l'injustice, parce que tu m'aimes et que je t'aime. Parce que tu m'aimes. Merci maman.

- ton 'tit-ange

Après neuf heurts

Comme on ne peut faire plaisir à tout le monde, un poème en cette journée grise comme le fion d'une nonne.

Mon coeur
monticule de fumier
dans un terrain vague
d'où je fais le coq

mon coeur
cubicule
empreint des murmures
de travaux inachevés

mon coeur
ridicule
cas de siège
avorté

mon coeur
testicule
enfantant le doute
dans l'impuissance

mon coeur
banlieusard de Nulle-Part
coeur accouché dehors
coeur back-order

mon coeur
tu me manques

mardi, octobre 19, 2004

Les murmures ont des oreillers (2)

Tard entre les vignes : "Les carottes, c'est bon pour la santé : c'est rempli de bêta-kérosène !" - Bob Dagenais

Encore plus tard : "Je ne me rappelle de rien, je n'y étais pas." - Bob Dagenais

Une fois trop tard : "glurbluglouvioumdegzzzz" - Bob et nous tous (en choeur)

Les murmures ont des oreillers

Un quêteux sur la Mont-Royal : "C'mon man, i'm'manque cinq piasses pour payer mon hypothèque !"
On n'a plus les sans-abri qu'on avait. J'ai eu envie de lui répondre : "Tu mendieras tant...", mais je lui ai quand même donné un dollar, pour l'originalité.

samedi, octobre 16, 2004

Promenade sur la Main

Le porno défile
mamelles en macramé
queues de plastique
chuintements liquides
fausses plaintes

Mais elle m'aime toujours
fidèle
ma main

Clin d'oeil

Le bonjour d'une petite culotte
vision dérobée à l'ennui
en imaginant le sourire des cuisses
sous l'interdit d'une jupe

L'extase du furtif
sur la terrasse d'été
coton humide et vent de fleur
je repars heureux

Modingue

L'amour me sied à te râvir, même si je sais que l'union fêle à force.
Mais parfois, le temps fait bien les chauves.

vendredi, octobre 15, 2004

Comment j'ai appris la honte

Brossard, 1978 (j'ai huit ans), remise de trophées de la ville, tous sports confondus.
Fier comme un nouveau papa, j'attends qu'on me nomme pour monter sur l'estrade. Je suis le meilleur receveur de la ligue ! Je vais enfin pouvoir redorer mon blason. Faut dire, toutes les équipes de la ligue de baseball portaient des noms d'oiseaux, d'oiseaux féroces, imposant le respect. Les aigles, les faucons, les vautours, etc. Nous autres, un cave nous avait appelé les Oies. Les OIES de BROSSARD ! Tabar... Pas besoin de vous dire qu'on s'est fait écoeurer toute la saison. J'entends encore mon père scander "Allez les oies !" en s'étouffant de rire dans sa vingtième bière.

Les lauréats vont tour à tour chercher leur trophée, puis tout à coup le MC annonce que la soirée est terminée...Bravo les petits, clap clap clap. Stupeur ! je n'ai pas été nommé. Mon monde s'écroule. J'ai beau criailler, siffler, cacarder, je suis trop petit pour qu'on m'entende. Tais-t'oie, ricane mon père, avant de s'en mêler et d'aller voir les organisateurs. Il s'agit d'une erreur administrative : mon nom s'est perdu dans les listes. Manque de pot, il n'y a plus de trophée disponible. Touché par les pleurs d'un petit garçon, un gentil monsieur propose de me donner un des trophées non-réclamés. Je vais enfin l'avoir, le criss de ramasse-poussière. On me tend l'objet rédempteur : un trophée... de GOLF ! Honte...

Aujourd'hui, mince consolation : les Expos sont partis et il y a plein de beaux terrains de golf au Québec.
Parfois, quand j'écoute un match de sport professionnel, j'ai envie de crier "Allez les OIES !"
Mais je me retiens et entame ma vingtième bière...

Messe dominicale

D.T. est excellent dans son rôle de F.D.R. à T.L.M.E.P. Dire que 2 millions de personnes savent de quoi je parle, c'est fou ! Et les 5 autres millions en auront entendu parler le lundi. On devrait inviter quelques souverainistes à l'émission, plutôt que de faire des articles dans la Presse...

Cadeau pour les initiés : T.T.A.T.T. et F.-YL.F.D.B.

jeudi, octobre 14, 2004

Je n'ai pas fini mon Bac (vous comprendrez pourquoi)

Au départ, je ne m'étais pas posé la question. Pas plus qu'à l'arrivée, d'ailleurs, puisqu'une tortue m'aurait de toute façon dépassé en chemin. Comme quoi lapin justifie les moyens.

Et vous aurez beau dire, je n'entendrai que vos mots. Je n'écoute qu'une personne et je ne la connais pas encore, c'est vous dire si je n'ai l'oreille musicale que dans la mesure où le son se rend sans demander grâce.
Puis, faire la sourde oreille, est-ce une façon de dire que le son gelé habite un pavillon d'hiver ? Qu'au printemps des mots la phrase reste sans sève ?

Je n'ai pas lu Mozart ni écouté Flaubert, ce qui ne m'empêche pas d'être inculte. C'est pourquoi je penserai à vous quand, au jour de ma mort, vous entonnerez un messe câline et hallucinante.
Il y aura des cupidons cupides venus pour reprendre les flêches éparpillées de leurs amours désabusés (voir la liste en annexe : des noms inconnus y figurent). Il y aura aussi des madonnes en pleurs pour bourgeonner leur tristesse aux soixante-neuf vents, et il y aura ceux qui voulaient me voir finir mon Bac. Regarder tout court leur aurait été trop long.

Qui a besoin d'un coeur si c'est pour le donner ?
Ah, si j'avais su, je ne serais jamais né si jeune. Vous comprendrez quand j'aurai votre âge.
Je ne demande pas beaucoup, seulement l'Univers. Ou bleu. Houblon

Vous voulez quand même comprendre ? Voilà une partie de la vérité :
Je m'en allais bonnement vers l'école de dressage quand un cambiste vint me faire part de ses actions, qu'il acheta et revendit à fort prix. Avec un paquet de chance, il se servit de cet argent pour s'acheter une bonne fortune. Manque de pot, il n'y avait plus de fleurs. Alors moi, tout surpris de ce qu'on puisse s'actionner sans bouger, je déviai de la route du savoir pour me diriger vers celle du palais de justice afin d'y déposer un grief à mon égard. Mais, malheureusement, je me suis égaré (en parallèle).

L'homme à son égard ment. Un espresso dans un corps sain.
Unis là tes râlements...

Bouche bée

Évaporation des phylactères
aphone devant toi
comme passe un ange
en caressant ta joue

T'es belle

Pendule

La flamme de la chandelle vacille
elle s'en balance
dans la pénombre de la chambre
aux orangés dansants

un vieux lit
un fauteuil
une lettre oubliée
sur une table

la corde
et le pendu qui sourit

mercredi, octobre 13, 2004

Temps

Ma vue se voile
d'épier les soleils
comme chaque crépuscule
me trouve songeur
cherchant à fixer
le Temps fuyard
le glaucome s'installe
en cataractes pernicieuses
au fil des perles en fuite
dans ma quête de l'instant
je demeure
prisonnier de l'horizon

Scusez la

Suggestion théâtre pour plombier en congé : En attendant (le dé)Godot, de Samuel Beckett.

mardi, octobre 12, 2004

Identité

J'ai ouvert mon blog et une chose m'a frappé (outre ma coloc pour que je lâche son ordi) : de voir mon nom signé au complet à la fin de mes billets. Ça m'a fait tout drôle. À part sur les criss de chèques, je ne vois pas souvent mon nom. C'est puéril, je sais, mais c'est comme ça.

J'ai toujours un peu envié les gens qui répondent au téléphone en ne nommant que leur nom de famille.
"Gagnon... qu'est-ce que je peux faire pour vous ?"
C'est assumé, voire même un peu arrogant. MacLeod dans Highlander criant la fierté de son clan sur la colline...
Je ne suis qu'un prénom ; même pas, un surnom. Je suis Jeff-tout-court. On m'appelle Jean-François dans la rue que je ne me retourne même pas. Au téléphone, c'est pire.

" Allo, c'est Jeff, comment vas-tu ?
- Qui ?
- Jeff, Jean-François...
- ...
- Le chauve du Boudoir.
- Ah oui ! Je te replace, scuse... On baise ?
- (censuré)"

Au fil du temps, j'ai perdu Domingue.
À l'inverse d'un Mistral, qui porte très bien son patronyme, mais qui n'a plus de prénom.
Domingue, c'est le domingo francisé, dimanche en espagnol. J'aurais dû faire curé !
Dimanche... peut-être pour ça que j'ai une prédisposition à me reposer.
Je pourrais m'appeler Jean Dimanche (un beau verbe, endimancher), mais ça fait trop Haïtien. Mais Haïti n'est-elle pas située sur l'Île de Saint-Domingue ? Tout fourré, le chauve.
Coudonc, on dirait que je me cherche ! m'en vais aller me trouver aux danseuses, moi...
Je vous en ramène des effluves...

Échos

Entendu au chic resto Vincent (commandez un 14 pouces et obtenez un 7 pouces gratuit !), après qu'une dame agée ait épongé le café renversé sur sa sacoche :

" Viens-t'en Ginette, on peut y aller : ma poche est sèche."

Aussi, relaté par le Chfal, en conversation avec une collègue de travail (50 ans, mais aucun rapport, elle est juste épaisse) :
"As-tu entendu parler de't'ça, la soucoupe volante de l'Armée Canadienne qui a coulé ?
- Tu veux sans doute parler de l'incendie du sous-marin ?
Sans faire cas de son erreur :
- C'est ça, le sous-marin, ils n'auraient jamais dû le mettre dans l'eau salée."

Elle aura vu la caricature de Chapleau, et toutes les autres, sans jamais savoir de quoi il s'agissait.
Et ça vote !

dimanche, octobre 10, 2004

Mots d'enfants 2

D'écrire le dernier billet m'a rappelé un de mes mots d'enfants :

Première sortie avec ma mère dans le vrai monde, au-delà de la 13e rue (Laval). Premier souvenir d'une visite à Montréal, mais surtout mon premier contact avec le ver bleu des abysses.

On entre dans la station. J'ai 3 ou 4 ans. Je suis intimidé par tous ces gens immobiles qui vont quelque part. Ça grouille, vision effarante de la ruche. Ça sent la matante et j'ai peur. Mais bon, Mouman est là, je suis en sécurité sous son bras, tout près de ses mamelles (elle devait encore m'allaiter à cet âge, pour que j'aime ça autant maintenant...).
À peine entré dans la rame que je m'exclame, avec cette voix impudique propre à l'enfance, forte et aigue :
-Wow, regarde Maman ! Regarde !
Horrifiée, ma mère s'aperçoit de l'objet de ma stupeur, que je pointe impoliment de mon petit doigt boudiné :
Une grosse torche noire... grosse, mais grosse ! Et noire comme je n'en avait jamais vue sur la 13e rue, ça c'est sûr. C'était l'époque où Laval lavait plus blanc que blanc. Trois quatre cents livres d'ébène mou.
Grosse journée en nouveautés.
-Regarde Maman, regarde !
Du bout des dents, à la façon d'un caporal hitlérien, ma mère siffla :
- Tais-toi... mais veux-tu bien te taire.
Qu'est-ce que je vais bien dire ? Tout le monde nous regarde. Le racisme, ça ne fait pas bien dans les bonnes familles.
- Regarde, la madame, Maman...
Elle me serre le bras, ça fait mal, et elle se met entre moi et "la masse gélifiée" afin d'éviter le scandale. Pour une fille de St-Henri qui a réussi à marier un avocat, le scandale, c'est la honte suprême.
- Regarde Maman la madame... comme elle a un beau sourire !
Ouf !

Depuis je sais que les préjugés s'apprennent ; on ne naît pas raciste, on le devient.
Et depuis mon grand-père s'est remarié avec Rosita, Haïtienne, 300 livres.
Elle a le plus beau des sourires...

Mots d'enfant

Entendu à L'École des fans (dans mes écouteurs : j'avais honte), animé par le très humble Charles-je suis donc beau !-Lafortune :

"- Tu joues au tennis, Cassandre (5 ans)?
- Oui
- Et qu'est-ce que tu aimes du tennis ?
- Ben... c'est parce qu'à la fin, si on est gentil, on gagne un jus !"

Serait-ce qu'en vieillissant on se complique la vie ? Certains, par contre, gardent leur simplicité enfantine :

"- Tu es allé faire la guerre en Irak, George ?
- Oui, parce qu'à la fin, si on est les plus meilleurs, on gagne du jus !"
Pas du jus de raison, du jus noir comme la conscience de Judas.

Demande spéciale de M-Ê (cochonne, va !)

Vieille affaire, mais bon...

Des phéromones
éveillent la bête
qui sourd en mon ventre
lorsque tu me touches
féline

Te voir seulement m'émeut
comme aussi tu me regardes
de tes sourires humectés
je sors les griffes
et gratte la terre ta peau

Mes pupilles ébahies
s'équarquillent perverses
et vagabondent mes paumes
où la chair se liquéfie
entre tes cuisses chauves

Ma bouche
en idylle avec ta gorge
chante la morsure
avec soif
des tes frémissements

Nos corps hésitants
se transmuent
s'osmosent
s'aiguisent de frissons
d'amours épiques

Je viole le temple
aux parfums musqués
te ventouse
les lèvres gonflées
de moiteur et plaisir

un spasme d'un coup d'estoc
marque la victoire des sens
nous retombons alanguis
dans les limbes éphémères
d'une mort temporaire

Et la toile mirageuse
de notre ballet épidermique
s'inscrit indolente dans l'abandon
sur le suaire des draps fripés
comme retombe la poussière

Ton sexe brut exhale
son arôme tiède
dans une chambre voyeuse
qui nous surprend à rêver
de lascifs clapotis

Impudeurs

J'ai pas envie de parler de ma blonde, mais j'aimerais crissement ça en avoir une.

Donc, Impudeurs :

Me coucher sur du papier
m'y sentir étrangement bien
libre
drapé d'impudeur
nu devant
un public inconnu

J'enjoins ma muse à me rejoindre, ici
et ce sentiment, cette liberté
disparait dans l'impression de devenir
le maître-d'oeuvre
d'un viol collectif

Le doux papier
se glace se froisse
retenant l'instant
prisonnier du regard des voyeurs
qui voudraient participer
à l'échafaudage du rêve...

samedi, octobre 09, 2004

Comme c'est con, un con !

En écho à Marie, qui nous rappelait qu'on est tous le con de quelqu'un, un florilège de San-Antoniaiseries.

J'avais des dons de con, j'aurais pu être heureux.
Il arrive au con d'avancer, mais seulement à reculons.
Comment font les cons pour vivre en bonne intelligence ?
Je ne souhaite pas la mort des cons : j'aime trop mes semblables.
Ce sont toujours les cons qui l'emportent. Question de surnombre !
L'obstination, c'est la volonté du con.
Les cons dangereux sont ceux qui luttent contre ta connerie pour t'imposer la leur.
Plus le maître est con, plus le chien est fidèle.
Il faut de tout pour faire un con.
À notre époque, les vieux cons sont de plus en plus jeunes.
Notre drame, c'est que le dernier des cons n'est pas toujours le premier venu.
L'intelligence n'est que l'humilité d'un con qui ne sait pas encore qu'il est con.
Si les cons font la guerre, c'est parce que d'autres cons ont fait l'amour.
Il y a une justice puisque le con a l'air con.
Le con et le boeuf ont en commun l'instinct de certitude.
Un con vivant est plus intelligent qu'un intellectuel mort.
Rien n'est plus voluptueux pour un pas-con que d'être pris pour un con par un con.

Et pour finir sur une note pas conne du tout, cette dernière : Quand l'amour croît en toi, crois en lui !

101 raisons de se taire ou de le dire

Des gens déambulent autour de moi
mais je ne les vois pas
hagard
je marche aveugle
vers un avenir déjà
derrière moi

où sommes-nous rendus ?
en quel État ?

voisins de nos solitudes

Je boude

Pub

Je reviens toujours au bar, mon oasis dans le désert des soiffards errants, le point de rencontre des solitudes attablées. Mon bonheur en vrac, servez-vous : ceci est mon sang, fermenté pour vous !

J'y retourne comme je traverse sans but les niveaux tranquilles du chaos, en tâtant les courbes du déséquilibre, les yeux fermés. Mes pas m'y ramènent sans cesse parce que tant de femmes y restent à prendre, que tant d'unions y sont mort-nées dans l'enfantement du plaisir, et surtout parce que c'est là que, pour la première fois, je t'ai rencontrée en songe...

Bading-Badang : la ville de l'éveil triste, la culbute sur la marche de la réalité éthylique. Où suis-je, la tête endolorie et les muscles en souvenir ? Dans mon lit ? Ah, oui... Dans mon rêve, le tien était plus chaud : je retourne au Boudoir.

vendredi, octobre 08, 2004

Miaousmes

Le chat vient d'arriver dans l'antre que déjà le cerveau s'atrophie. On devient gagas, on parle en bébés. "Minou minou minou...y'é-tu cuuuute...mais qu'est-ce qu'il fait le chat, hein, quoi il fait le chat ?" Comment, qu'est-ce qu'il fait : il fout rien, il te regarde, connard ! Se demande "qu'est-ce qu'il me veut le débile ?"

Une semaine déjà et la zoothérapie vient de céder sa place à l'aromathérapie. Dire qu'au temps des Romains les litières servaient à transporter les nobles en campagne...

Manchette

L'avortement : Jean-Paul II reste penché sur la question...

Pouet pouet

Poète mercenaire
au service du roi des fous
guerroyant la guerre
dans les tranchées de la raison
armé de la patience d'une révolte qui couve
j'irai battre campagne
en troubadour
cracheur de feu, de mots doux
dragon dans la lande
mon verbe mes lèvres et ta langue

jeudi, octobre 07, 2004

Sablier

À un Sahara de toi
L'aridité d'un malentendu
Les regards cachés, voilés
Derrière les dunes

Poussières
La trame des absences
S'effiloche sous nos doigts
En soupirs de verre

Souffles rauques
Craquèlement des voix
Et les pas qui s'enlisent
Dans les sables émouvants

AA, tes seins sont blancs, mes mains si sales...

Illusions

Des phares m'éblouissent
sur la route qui mène à toi
et je prends des raccourcis
qui m'égarent

Mais aucun chemin
aucun aveuglement
ne saurait me perdre assez
pour que je ne te trouve enfin

Déroute

Avoir le vague à l'homme
Le blues du mâle
L'homme rose perd ses pétales
Voyou recherché
Vite banni

Identité en déroute
Égarée dans les reflets
Des miroirs irréfléchis

Pluie de sacoches
À la barbe des belles

Latex

Dansent les râles
sur le mur de brique épousé

boutons de chemise arrachés, épars sur le sol
témoins de notre secret

califourchons aux genoux
les ongles creusant les hanches

amours simièsques de bipèdes
cautérisant l'instant

noces noctambules
sous l'oeil rieur d'un passant insomniaque

nos enfants heureux de mourir
dans des chapeaux de latex

Borgne chauve

Mon borgne chauve s'active en rires spasmodiques dans ton antre moite, larron décrucifié, lascar en liesse se débauchant dans l'ébauche de la nuit, dard furibond, trophée à faire rougir les puces, les pucelles et les putains des ruelles. Ma belle, tu souris aussi, béante, béate de soubressauts, du bout de tes lèvres carminées à l'émotion humide des chaleurs. Transports en commun, communion, union, units, nid, nichée de plaintes couvées sous la croupe du désir. Comme des amants cent fois remis sur l'ouvrage, nous dessinons la tapisserie des jours en guerre au rituel.

mercredi, octobre 06, 2004

L'écriture

Je bois pour oublier d'écrire
Écris pour oublier de boire
Les cris durent
Borborygmes
Lovés noués noyés
Muselés dans mon ventre
Avide
Vide

Les cris durs


Welcome to my nombril !

Je me greffe au Blog. D'abord pour pouvoir répondre à ces artistes (en herbe ou chevronnés) desquels je prends un plaisir quotidien à lire les perles et les boulets, mais surtout afin de me commettre moi-même(commettre/connaître ?). Quelle vanité me pousse à vouloir être lu, reste à savoir. Sûr que ça fait des lunes que je me promets ce criss de coup de pied au cul, la flagellation d'écrire un peu chaque jour, de mourir un peu moins chaque jour. Me faire enfin la main au lieu de la tendre. Au lieu d'attendre que je me réveille avec un bouquin sur le bureau, magiquement mon nom dessus. Me réveiller, quoi !
Bonne nuit, j'ai sommeil...