mercredi, novembre 10, 2004

Dahab

Merci Galad de m'avoir inspiré. À mon tour de te conter mon expérience à Dahab.

Joli petit village bédouin sur les bords de la mer Rouge (jusque là je copie...), Dahab est au fond le Katmandou de l'Égypte. Un bled perdu dans un sablier où s'échoue l'escargot dériveur, le temps de poser sa maison sac à dos, de remplir ses piles de farniente. Rien d'autre à y foutre que de faire le bacon ou de nager dans la mer parmi la plus belle faune de poissons tropicaux de la planète. Curieusement, la plongée n'était pas l'activité principale des drifters (pardonnez mon Népalais). Le sport national à Dahab : fumer du pot en jouant au backgammon. Ou vice-versa. Ça ou ne rien faire, c'est tout comme. Après deux jours, c'est lassant (quand on a 18 ans, s'entend, maintenant je ferais ça à vie). C'est pourquoi nous décidâmes de nous payer une ride en chameau, mon accolyte de voyage Jimbob Tranchemontagne et moi-même.

Hmmm, tanguer sur la bête en longeant cette mer si bleue qu'on la dit Rouge... Le pied géant !
Mais comme rien n'est parfais, il y avait aussi notre guide, qui ne cessait de nous harceler pour un 20$. "Gimme twenty, gimme twenty". Aussi fort en géographie qu'en affaires, il plaçait le Canada "near la Germany". Parfois, alors qu'alanguis par le pas des camélidés nous nous assoupissions presque au bruit des vagues, il retentissait d'un puissant "Canada Dry" ! Un fou, je vous dis. C'est comme ça qu'on a appris que, bizarrement, l'empire Coca-Cola s'était arrêté aux frontières de l'Égypte, où les seules boissons gazeuses disponibles étaient de marque Canada Dry. Anyways...

Anecdote notable, la cérémonie du thé :
Nous sommes arrêtés dans un petit oasis. Jim vient de débarquer de son mastodonte quand on entend un formidable renaclement. C'est le chameau qui vient de se ramasser un glavion, deux livres de morve, qu'il s'empresse de cracher à la tête du pauvre Jim, tout englué. Pas juste les lamas, non... L'odeur de la bave de chameau, je vous dis pas. Rappellez-vous une vieille tante qui fumait le café et buvait la clope par une journée de canicule.
Pendant qu'on s'esclaffe, les bédouins préparent le feu pour le thé et le pain.

Pour le thé, pas compliqué, des feuilles en infusion dans une eau à peine réchauffée. Dégueu : on peut apercevoir des organismes nager dans le verre ! Le pain s'avère tout aussi dégueu. Le guide mélange avec ses doigts abominablement crasseux la farine à l'eau (la même que pour le thé, bien sûr), puis il étend la pâte sur une plaque rouillée qu'il met sur le feu. Une fois cuit, le pain sert à éteindre le feu. Question de prévention contre les incendies de forêt, j'imagine. En plein désert... Pita au goût de cendre et thé vivant, donc. Lois de l'hospitalité obligent, c'eût été jugé très impoli de refuser.

Pourquoi cette anecdote ? Parce que de retour à Dahab, j'ai compris pourquoi l'inactivité était ici généralisée : chacun en arrivant s'était payé un camel trip et avait goûté aux bontés bédouines. Z'auraient pu nous avertir, les dériveurs scotchés au backgammon, dans un café muni de toilettes. Trois jours... Je ne vous raconte pas...

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