vendredi, décembre 30, 2005

Évolution

À force de ne pas vouloir ressembler à mon père, je suis devenu la pire de ses caricatures.

jeudi, décembre 22, 2005

Modingue

L'humanité est peuplée de débiles : la femme légèrement profonde, l'homme profondément léger ; l'attirance se fait naturellement.

vendredi, décembre 09, 2005

Hum...

Si la ponctualité est la politesse des princes, pourquoi les princesses sont-elles toujours en retard? Sont pas dans le même carrosse?

mardi, décembre 06, 2005

Éther

Pâle écho au sieur EmmènenousàlaRondeau

J'ai voulu faire le tour du monde, j'ai reculé d'un pas. Quand j'ai vu que j'étais rendu, je me suis assis et j'ai contemplé les étoiles.

lundi, novembre 28, 2005

Citationnement parallèle

« Il faut saillir pour mieux s'aimer. »

- Denis Landry

***

Ma douce, qui connaît heureusement mieux son homme que son hockey:

«Vas-y sans moi, je vais aller te rejoindre à la mi-temps.»

Grippe à bière (bis)- Manchette

Suite aux récents cas de grippe aviaire, le Ministère de la Santé du Québec vient d'émettre un communiqué invitant les restaurateurs à la plus grande prudence. Il faudra dorénavant se laver les mains après avoir plumé un client.

samedi, novembre 19, 2005

Les 20 trucs à ne pas dire lors d'une ''date''

Ok, j'embarque dans le jeu des 20 vérités. Je prends le relais que m'a vachement tendu Pat. (Euh, une vérité, il faut qu'elle soit vraie?) Anyways, voilà :

1- De suite après avoir visionné l'édifiant film '' Chérie, peigne ta touffe... On recoit! '', j'ai eu un flash : je n'ai pas lu un livre depuis un an.

2- Je joue au golf. Pire, c'est ma passion.

3- J'idolâtre Mylène farmer (Ben non, pas pour ses seins! Elle en a? Ah bon. J'aime ses textes et sa fragilité, ainsi que ses nichons. Quoi? Des nichons et des seins, c'est kif-kif? Ah bon.)

4- Je suis misanthrope. (Quoi, vous voulez des détails? Faites pas chier...)

5- À l'âge de 9 ans, je me suis inséré un ''tube'' de pâte à dents à pompe à saveur de gomme balloune dans le méat urinaire, et j'ai pesé. (Oui, j'ai connu la chaude-pisse avant l'orgasme, et le mot urètre bien avant la plupart des gens de mon âge.)

6- Je me suis déjà mis la bite dans la bouche d'un veau, une gageure. Oulà la succion, je vous dis pas... Ni ne vous conseille d'essayer. (De toute façon il était trop jeune ; je préférais sa mère, plus cochonne.)

7- J'ai dit oui deux fois au mariage. (Mais personne n'écoutait.)

8- J'ai la mémoire d'une poitrine de dinde. Trop de shooter, oui, pour sûr. (Bon, qu'est-ce que je disais donc?)

9- Je n'aime pas les enfants. (En tout cas pas les miens, ceux que je n'ai pas. C'est mieux ainsi, non?)

10- Mes voyages, de Tarascon à Bételgeuse, ne m'auront appris ne serait-ce qu'une chose : C'est fichtrement confo un sofa! Maudit que j'aime ne rien faire! Je n'ai aucune ambition et n'ambitionne pas en avoir prochainement. (J'en parlais dernièrement au grand terroriste Hassan D'Lanoun, qui lui me disait vouloir dédier sa vie à sa mort. Comme je ne comprenais rien, je me suis endormi. Oui, je dors parmi les vivants, spectateur ô combien plus qu'acteur...)

À Suivre...

vendredi, novembre 11, 2005

L'eunecte plus ultra

Ils grouillent partout dans la maison. Les serpents.

Les vipères m'épient, j'avale des couleuvres, les pythons me collent. Il y en a un qui glisse le long de ma cuisse, me lorgnant le cyclope (un anusconda?). Ils me sentent de leurs langues fourchues suceuses de jus, diables rampants; je ne peux marcher sans en écraser un, sans m'enfarger. Pas un coin sans que ne s'agglomère un magma visqueux d'anneaux enchevêtrés.

Il ne me reste qu'un choix : mettre le feu au nid, derrière la télé.

Vous êtes comme moi, fatigués des fils électriques?

mercredi, novembre 09, 2005

"%$?"$%?&&??? d'informatique !

Bibi est un nouveau papa. Je viens d'adopter un pc de deux ans.

Depuis, je ne fais plus mes nuits.

Moi qui pensais pouvoir bloguer davantage avec mon propre ordi – j'utilisais auparavant la machine de ma douce – ouf! le doigt dans l'œil vous dites… Go pour le chargement de tous mes disques : deux jours. Installer le routeur déroutant : j'y comprends toujours rien. Le fonctionnement interne de la machine : pff ! je n'ose imaginer un jour parvenir à n'en saisir que le dixième. Faire le décompte de tous les nouveaux logiciels : ça me prendra sûrement encore une semaine et là je ne parle pas de les utiliser avec un minimum d'efficacité. Il appert que ça prend un QI de 9 à un chien pour japper. J'ai l'impression de toper le 12 max ces jours-ci, je vous jure…

M'enfin, ça ne m'aura tout de même pris que neuf heures pour taper ce texte ! (Le temps de trouver les différents caractères et de configurer Word, pourtant un logiciel que je connais un 'tit peu.)
Qu'est-ce qui est pire, être nul ou s'en rendre compte?

Les trisomiques ont l'air heureux.

lundi, octobre 31, 2005

La paroles des autres

Alors qu'un client lui proposait de prendre une bière, notre travaillant Luq Bossé :

« C'est vrai que si j'étais plus dilué, je serais plus concentré! »

***

Dans le même registre, une Catherine V.-L. en forme :

« Si j'avais pas bu autant de bière, je serais moins soûle. »

***

Alors que je fredonnais un air connu, demandant qui chantait cette toune, ma douce compagne, qui m'aime tellement (♥) :

« Chante encore et ça va me revenir.

– Quoi, le nom du groupe?

– Non, le souper... »

***

Et parce que tout n'est pas une blague, une phrase cute entendue à la LIM (Ligue d'improvisation Montréalaise) :

« Sans toi, je ne serais qu'un gros sac plein de pas d'amour. »
– Marianne Passarelli 23 oct. 2005

lundi, octobre 24, 2005

Modingue

Je ne vois pas pourquoi tout ce tumulte, j'ai souvent eu la grippe à bière et je n'en suis pas mort.

p.s. : Être malade après avoir trop bu, c'est faire d'une bière deux goûts ?

p.p.s. : Je sais, je sais, la facilité tue. Heureusement, le ridicule, non.

jeudi, octobre 20, 2005

Se creuser la tête

J'ai eu dernièrement à expliquer à quelqu'un pourquoi je bloguais. J'ai cherché mes mots. Voici comment j'aurais pu l'exprimer si j'avais eu le talent de l'ami Rino, un vrai chroniqueur celui-là (pour un journal paru dans un pays qui, parait-il, n'est pas au Québec...).

Acadie Nouvelle
Chronique 344, mercredi 19 octobre 2005
(Extrait) :

« Je voudrais aller là où ne vont jamais les chroniqueurs. L’espace d’un moment, dire une réalité – non : lever le voile sur une réalité –, la mienne, de telle sorte qu’elle devienne par la magie du verbe, la vôtre. Je ne voudrais pas que vous pensiez comme moi. Je voudrais plutôt vous faire entendre le son de ma méditation. Le pétillement des mots, des images, des couleurs scintillant dans ma caboche de fou du roi qui fait rire le monde parce qu’il a peur de pleurer.

Pleurer pour rien. Juste pour épouser cette pluie insignifiante qui lave, la nuit, les scories du jour passé. Je ne suis même pas triste. Je suis juste ça, juste là : cinquante-cinq ans, seul, dans la nuit, devant un ordi, à me demander ce que je fais là. »

– Rino Morin-Rossignol

samedi, octobre 15, 2005

Nostalg-hic!

" Lagreff à son bar "
par

Déjà 10 ans, 416 000 pintes ou 700 000 verres de bière vendus, selon une estimation hautement scientifique, 1040 verres brisés, une dizaine de batailles, un cabaret de portos renversé sur la tête d'une cliente, 83 200 cigarettes fumées (arrreuh!), 24 960 shooters d'éclusés (je n'ose compter les petites frettes), un foie en moins, aucune livre en surplus (allez comprendre?), quelques cheveux en moins (bien qu'il n'en restât déjà plus beaucoup), des cheveux blancs en plus, des milliers de clients satisfaits (j'ose l'espérer), quelques clientes déçues (ben quoi, j'ai une blonde...), des rencontres de tout acabit (la plupart merveilleuses, dont certaines, magiques, qui se sont transformées en de grandes amitiés), et à travers tout ça, si je me souviens bien, quelques baisers ça et là...

Déjà 10 ans à évoluer dans un monde factice mais si beau, 10 ans à amortir le ressac de sa tristesse.

Le croiriez-vous, j'aime mon job.

jeudi, septembre 29, 2005

Quote cot cot 1-9-1-9

Je me fais un malin plaisir à citer les bons mots de mes ami(e)s, surtout les moins bons. Je ne peux m'épargner, par soucis de justice et parce que c'est de bonne guerre. (Faut dire aussi que je sais que si c'est pas moi qui l'écris...) Soyez toutefois sans crainte, je ne colligerai pas ici toutes les conneries que je pourrais dire en une journée, ça me prendrait un(e) secrétaire!

« Je suis tellement fatigué, j'ai les yeux qui dorment debout. »
–Bibi

Et comme je n'étais pas seul ce soir là :

« J'ai déjà pris une brosse avec Prince! On était moi pis lui pis deux autres filles. »
–Yannick Leblanc


P.S : Le titre... je sais, ça vole pas haut! Mais j'aimerais rappeler que les poules ne volent pas. Cette rectification vous est présentée par Olymel

vendredi, septembre 23, 2005

La grosse femme du parc

Le Parc Belmont s’effrite dans mes souvenirs
crachas du temps les vautours ricanent
souvenance d’une poupée géante devant le Palais des Glaces
cerbère mécanisé
rire sardonique de mégaphone troué
frissons dans le dos et doigt dans le nez :
« maman j’ai peur, je veux pas y aller! »
l’odeur de Barbe à papa, écœurante
« maman je vais vomir! »

J’aurais voulu assister à son dernier couinement
pièce par pièce enfin démontée
coups de masse dans le papier mâché, anéantissement du grotesque
je crois que j’aurais joui – j’avais l’âge en ’83
mort d’une époque
délivrance

vendredi, septembre 16, 2005

$ So.(s)

Tiens, pourquoi pas une nouvelle catégorie, histoire de continuer dans l'édifiant... (Enfin de la littérature!)

Chère Solange,
Depuis que je suis tout petit on me dit de me mêler de mes affaires, mais que je devrais m'affirmer un peu plus. Que faire?
– L'Anonyme des blogues

Chère Solange,
Mon mari n'aime pas beaucoup mon amant et vice versa. Comment faire pour que règne l'harmonie?
– Candy de Chasteté

Chère Solange,
J'ai été adopté et j'aimerais bien rencontrer mes parents biologiques. Par quelle épicerie commencer mes recherches?
– Un légume (Francis Raddy, mettons)

Chère Solange,
J'ai deux fesses qui ne se connaissent pas. Comment les présenter?
– Une fessue (mesure)

Chère Solange,
Je suis tombé en amour à Pâques au kiosque des petits animaux de la Place Versailles. J'aime une chèvre, suis-je normal?
– Un artiodactylophile

Chère Solange,
Maman m'a acheté un vibromasseur. Dois-je l'utiliser quand le besoin s'en fait sentir et/ou le laver quand il commence à sentir le besoin ?
p.s. : C'est pas un peu dur pour les dents, non?
– Noémie-Maude Sénécal-Phô Thrang, 15 ans

Chère Solange,
Depuis que je les traite en égales, les femmes ne me lâchent pas d'une semoule. J'aimerais lever le voile sur cette affaire...
– Momo

Les murs ont des orteils

« Quand je vois le prix de l'essence, ça me met carrément hors de mes pompes ! »
– Richard Plouffe

lundi, septembre 05, 2005

Citationnement parallèle et autres Ô Beneries

Les enfants sont rigolos, surtout les grands...

" Grand-maman va pas très bien : on lui a découvert une osthéopotauxroses..." – Rita, 8 ans

" Mozart, coudonc, c'est dans quel film qu'il lance son célèbre : " I'll be Bach! " – Raoul, 12ans

" Je l'ai tellement bien domptée qu'elle me mange dans sa main. " – Ben, 42 ans

" Ravaler sa morve, c'est internuer? " – Ben, 42 ans

vendredi, septembre 02, 2005

Montée de lait (pauvre Tiger)

Tous les soirs (j’arrête de boire!), tous les matins, en fait, après le boulot, alors que je remercie le neurone qui me permet encore de respirer, un gentil taxi me ramène au bercail. En général, j’aime bien causer un brin avec les chauffeurs. C’est un monde, le taxi. Chacune des conversations pourrait faire l’objet d’un billet, les chauffeurs étant passés maîtres dans l’art de la discussion rapide. J’aime cette idée de deux inconnus qui conversent ensemble cinq minutes; un thème, partez, merci au revoir. Le speed-dating de la jasette, quoi.

N’empêche qu’hier je me suis demandé si je n’aurais pas mieux fait de marcher que de me taper le fasciste de service de la Coop. La radio donnait le dernier bilan de Katrina quand le chauffeur me lance, du haut de son monticule de graisse :

« Coudonc, les nègres vont-tu arrêter de se plaindre! Pourraient au moins s’entraider au lieu de rester sur leurs maisons à chialer! Comme pendant le matsuni (sic), me semble… »

J’étais effaré, je pensais avoir mal entendu. J’ai bien tenté de lui expliquer qu’on ne peut pas aider grand monde quand on est pris sur le toit d’une maison, sans vivre, eau, électricité, etc., et que la couleur de la peau n’avait rien à voir là-dedans.

« Quoi, vous prenez pour eux? Venez pas me dire… Ah, pour une fois que ça arrive au monde qui le mérite… Criss de nègres, ça reste assis sur son cul toute la journée à attendre l’argent du gouvernement pis après ça pleure quand vient le temps de se le bouger! Z’ont pas de cœur, les vaches! Remarquez, y’en a des bons… Tiger Woods par exemple… »

C’en était trop. Impossible en cinq minutes de changer cinquante ans de conditionnement raciste. J’étais de toute façon rendu à destination. Ne me restait plus qu’à me faire plaisir en tombant à son niveau. J’ai été aussi con que lui mais ça m’a fait du bien :

« Mon bon monsieur (morve immonde), sachez que si on mettait tous les obèses dans le même panier, il percerait. Ah et puis tiens, ça ne vous dérange pas trop si je garde le pourboire pour le fonds d’aide aux chauffeurs de taxi débiles, bornés et racistes? En cas de pépin, hein? on ne sait jamais...»

J’ai souri, l’œil tueur.
Je voyais bien dans son regard porcin l’incompréhension, l’impression qu’il venait de se faire trahir par un pair. Désolé, mon bon monsieur (chiasse sanieuse), demain je demande un chauffeur Haïtien. Eux au moins sont rigolos (sans cellulaire, s’entend)…

jeudi, août 18, 2005

En attendant...

texte envoyé à Coïtus


Le croque-mort prenait un plaisir sadique à fixer ma gueule d’enterrement.
Et cet autobus qui n’arrivait pas.
Je me demandais bien ce qu’il me voulait, le funèbre. Me pomper? Non, pas son genre. Il se contentait de m’observer de ses yeux hépatiques, grattant nerveusement un ongle cornu sur le filet de son menton. Il commençait sérieusement à m’énerver, me foutait franchement la trouille, en fait.
Je décidai de prendre le diable par les deux cornes.

– Vous voulez ma photo?
Surpris dans sa méditation, il s’avança vers moi et se racla la gorge. À glacer un popsicle.
– Pardonnez-moi jeune homme, mais je suis sondeur pour la maison Pesant-Pesant et vous me semblez être le candidat idéal pour notre sondage d’aujourd’hui sur les maladies du cœur. Vous permettez que je vous pose quelques questions?

Bof, je n’avais que mon temps à perdre, tant qu’à attendre le bus, et j’étais soulagé de voir qu’il ne m’imaginait pas en sauce avec des petits oignons. J’acceptai.
Vinrent les questions d’usage, âge, profession, etc. Il esquissait de temps à autres un petit sourire de satisfaction, sourire particulièrement appuyé lorsque fut le temps des questions sur mes habitudes alimentaires. Vrai qu’à m’écouter répondre, je n’étais pas fier : si c’est gras, poilu et que ça se fait livrer, j’en mange.
Plus les questions défilaient, plus il semblait jubiler. L’extase se lisait carrément sur son visage à la fin du questionnaire :

– Combien de fois par semaine faites-vous de l’exercice?
– C’est quoi ça de l’exercice? Héhé.
– Avez-vous déjà consommé de la drogue?
– Ben kin…
– Lesquelles?
– Euh…toutes, je pense…sais pus trop…
– Vous fumez?
– Oui.
L’apothéose! Il en tremblait.
– Combien de cigarettes par jour?
– Je pourrais vous le dire en paquets, moins compliqué à…

Sans prendre le temps d’entendre la fin de ma réponse, il me coupa la parole, remballa son questionnaire dans son cartable et me tendit une main poisseuse.

– Excellent mon cher monsieur, vous avez été parfait! On passe vous prendre ce soir!

C’est à ce moment qu’arriva l’autobus, vomissant son lot de zombies. Se frayant un chemin entre eux, Madeleine s’en extirpa, toute belle d’été vêtue. Elle me sauta au cou, m’embrassa comme si ça faisait dix ans que nous ne nous étions vus, comme si le sort du monde en dépendait, langoureusement, sauvagement, amoureusement. Je n’avais pas attendu pour rien. Nous nous en allâmes vers la maison, main dans la main, emmenant avec nous le bonheur des gens qui se retrouvent. Avec un clin d’œil, Madeleine me demanda :

– T’as vu derrière, à l’arrêt d’autobus? Y’a un fou qui mange un cartable en piétinant le sol…


Désolé mon vieux, ce soir j'ai mieux à faire…

jeudi, août 11, 2005

Citationnement parallèle

« Les Triplettes se ressemblent comme deux gouttes d'eau. »

– Lady D.

jeudi, août 04, 2005

Waterloo nocturne (chronique du clown Pathos)

Encore une de ces nuits
Nourries aux sandwiches à la photocopie de dinde
Aux bières insipides criant bulle
Envole-toi

Affalé au zinc
Sur le bar de la catastrophe
En accusé de déception

Une mocheté me sourit
Le genre qui saigne des gencives
En s’épilant les dents
Mais je vais sûrement finir fini
Par lui demander sa main

Encore une de ces nuits
À compulser mes silences élastiques
Latence de la déchirure
Honteux guerrier indien
Sous toute réserve
Flèche de boit tout

Je commande du Cristal l’air de rien
Aux hyènes de service
Crocs jaunes haleine de tabac
Les morpions s’agglutinent
À chacun son verre chacun son poil
Enfin je me fais sucer

Dilapidation des billets
Bouteilles à la mer
Au yab’ la dépense
Le garde-manger est vide

Une autre maudite nuit
À me demander
Suis-je devenu le sel
De l’eau qui a bouilli

Ah pis fuck
Barman
Un autre verre svp
Pour le doute

Demain la nuit
Comme la chance
Me sourira

mercredi, juillet 27, 2005

Marco... Polo!

Je regardais une joute de water-polo féminin, bien installé devant la tivi avec un méga-sac de chips sans gras trans et un deux litres de Pepsi Diète. En vrai sportif. Alors que je m'étonnais à voix haute du grand nombre d'interventions des arbitres, Lady D., tricotant dans la pièce adjacente, me fit justement remarquer : "Quatorze filles en maillot de bain... normal que ça siffle!"

Le terre à terrorisme des dames me fera toujours sourire.

dimanche, juillet 24, 2005

Sacré Ben!

Désolé, j'étais en stage au Cirque du Sommeil.

Je prends la peine de suer des doigts par ces temps caniculaires pour vous faire part de la sagacité légendaire du Benoit Fortier d'Amérique, aussi barman de son état mais, surtout, inventeur patenté de la répartie.

Un exemple? Ok :

Alors que Rachid Taha s'époumonait au B., un client à l'esprit embrumé lui a demandé s'il n'avait pas honte de faire jouer ça alors que la veille 40 personnes avaient été tuées lors des attentats à Londres.
Ben de rétorquer : "Monsieur, depuis quand c'est les musiciens qui tuent?"

***

Après un mois de congé, je vais essayer de revenir ici plus souvent. Pour citer encore Ben, "on ne sait jamais ce que le passé nous réserve".

Peut-être que je vous raconterai l'histoire de la pute qui voulait se faire amante honorable...

mercredi, juillet 06, 2005

Je me rénove

Je viens de franchir une étape. L’achat d’une perceuse électrique, quand on est de descendance banlieusarde, c’est le bar-mitsva du juif, la consécration d’une condamnation à l’âge adulte. Maintenant, je suis un homme! Je crois que j’aurais acheté une voiture neuve que je n’aurais pas été si nerveux. Fallait me voir arpenter les couloirs du Rona, les jointures blanches d’indécision, incapable d’opter pour le modèle à 14,4 volts ou celui à 18 volts. Sans compter l’heure passée à choisir la marque. Le GV se marrait bien, voyant que je connaissais aussi bien les drills que le bruant d’Amérique ou les steppes de Mongolie. (Les quincailliers sont tous des Gentils Vendeurs, c’est bien connu.) C’est finalement lui qui mit fin à ma torture en me proposant le modèle le moins cher, comprenant probablement que je ne m’en servirais qu’une fois par année, à Noël, pour visser la belle-mère au sapin. Son patron va quand même être content, il m’a aussi vendu un kit de trois millions de mèches, embouts de tournevis et autres bidules dont j’ignore jusqu’à la plus simple utilisation de chacun.

La marche du retour à la maison fut extatique. Torse bombé, mes bras puissants soutenant les deux valises d’outils, j’étais prêt à bâtir une maison et je voulais que tout le monde le voie. Ce n’est qu’arrivé bercail que je me suis aperçu d’une chose :

Dans mon nid douillet, il n’y a que des trous à remplir, aucun à percer…

mercredi, juin 22, 2005

Au viol!

Ils sont venus en catimini, n'étaient pas invités. N'ont pris que ce qui se revend bien chez le prêteur sur gages, Monsieur le pawnshopiste du coin, encore plus crasse qu'eux car lui n'a pas faim, ou soif, ou wathever. Que des babioles, en fait : un Playstation qui ne me faisait que perdre mon temps, des jeux, des disques. Plus, bien sûr, de ces souvenirs qu'aucune assurance ne saurait remplacer, et un portefeuille sans feuilles dont je devrai renouveler toutes les cartes pour une troisième fois en six mois. *Misère, pourquoi donc suis-je abonné à 12 clubs vidéos?* Pas assez en fait pour déranger la Madam (sic) de l'assurance – je suis trop honnête ou trop con pour grossir la réclamation –, non, vraiment, rien pour en faire un plat. Alors, dites-moi, pourquoi je sursaute au moindre bruit?
(Pour sûr, j'étais plus gros dans mes culottes quand il me restait encore quelques pornos à me mettre sous la main...)

Dans ce petit sac noir qui a servi a tansporter leur larcin, ils ont emmené ce qu'il ne pouvait contenir : mon sentiment de sécurité. Les petits-gagneurs, sans le savoir, m'ont volé gros.

Afin de me changer les idées après le départ des policiers, j'ai allumé la radio. Y'avait Jacques Michel, tout con, qui chantait Pas besoin de frapper pour entrer chez moi. Z'auraient dû me la voler, cette belle ironique. De toute façon, maintenant, elle ne fonctionne plus...

mardi, juin 14, 2005

Au boulot!

Texte paresseusement envoyé à Collectivo. Thème de la semaine : Mercredi après-midi à la taverne.


Mercredi est déjà bien entamé pour les Normaux mais, pour moi, le gros reste à faire. Je viens d’ouvrir la grille et de m’en griller une ; les fruits sont coupés, les bières montées, je suis fin prêt à accueillir les grandes gorges quand mon organe auditif intercepte le joyeux drelindrelinement de la boîte à paroles. Je me dis, tiens, le téléphone qui sonne : ce doit être quelqu’un. Sûrement un client qui aura égaré son dentier la veille ou un truc du genre. Je décroche le combiné en usant de cette intonation ténor-fumeur-de-Gitanes qui fait tant craquer les femmes.

« Taverne Soiffards à Paupières, bonjour.
– Allô, qui parle?
– C’est vous.
– Comment? Qui est à l’appareil?
– C’est nous.
– Ok, un farceur… Comprenez-moi bien, je veux dire : je suis où, là?
– Dans la cuisine, dans le salon? Comment pourrais-je savoir? »

Clic. On a raccroché. De nos jours, la politesse est une vertu qui se perd.
Deux pochtrons s’engouffrent dans l’antre. Sentent déjà la vinasse, mais bon, ce sont mes premiers clients, faudrait pas faire le bégueule. Ils seront bientôt plus de cent à se masser devant moi afin de m’admirer en s’humectant la luette. Y’en aura pas de faciles… Je me fais vieux. Faudra bientôt que je pense à accrocher mes patins. En attendant, j’accroche mon plus beau sourire, puis je m’en débouche une bien fraîche. Boutsitt! La soirée s’annonce, jeune et coquine…

Morale : au fait, pourquoi toujours des morales?

mardi, juin 07, 2005

...

Débâcle printanière
Tout éclate autour
Les couples de roc s’effritent
Érosion, fulgurance des acides
Grotesque pied de nez temporel
Victoire des pollutions
Du quotidien

Pourtant ils s’aiment

Les couteaux en rase-motte, émoussés
Écorchent le statu quo des consensus tièdes

La peur de la solitude
Recule devant la promesse
De nouvelles amours saisonnières
Mais le cœur n'y est pas

Mai chie un printemps mou

mardi, mai 31, 2005

37 bleues le matin (Un aprèm au Q.G.)

C'était une époque électrique où les grands mouvements se faisaient sans bouger. Toujours la même table, les mêmes habitués, dans un bar naissant où défaire le monde s'avérait plus jouissif que de le refaire. L'alcool nous donnait des ailes d'anars mais, au moment d'aller tout casser, nos jambes spaghetti nous rappelaient que nous étions bien mieux d'en prendre une autre en parlant de cul. C'est comme ça que par un après-midi bien arrosé – maudits shooters avant le déjeuner! – notre discussion avait pris une tangente scabreuse. Ben, Pat, Steph, Bruno et Bibi, en bibinne. La grande classe de cancres sans classe. Je ne sais trop qui des ânes avait eu l'idée mais, à un moment donné, on s'était mis à travestir des titres de bouquins ou de films en titres de films pornos. Je ne me souviens que de ces quelques titres. C'est déjà beau, avec les litrons ingurgités. À vous d'allonger la liste.

– Trois zobs et un cul fin
– Le gland bleu
– Pinocchul
– Le dernier empaleur
– La douleur pourpre
– Shaving Ryan's privates
– Chérie, j'ai séduit les enfants
– Ça glisse au pays des merveilles
– Luck, cock, and two smoking mammels

– The Godfucker
– Shogouine
– The wizard of ooze
– Ben-whore
– Forrest dump
– Trannysplotting
– The adventures of Robin's wood
– Titanus
– Vingt mille vieux sous mémère
– La matrice reloaded
– The fif element
– King Dong
– The glaire bitch project
– Rambone
– Drencula
– Kindergarten cock
– Full matante jaquette

lundi, mai 30, 2005

Les mouches ont des oreilles

« J'ai pas étudié en biologie moi, j'ai fait philo. Je mélange tous les muscles : biceps, triceps, forceps... »

– Diane L. (Pourtant excellente en anatomie. Comme quoi la théorie ne vaut jamais la pratique.)

samedi, mai 21, 2005

Les mouches ont des oreilles

Conversation à bâtons grillés surprise dans un bar glauque :

Ben :
– (...) et j'ai recommencé à fumer quatre fois cette année.

Ti-J :
– C'est fort, quand on sait que tu n'as arrêté que deux fois!

vendredi, mai 20, 2005

Noël cette année, c'est pour le 25.

Je suis rendu mon'oncle.
Ça rajeunit pas. Tiens, ça me rappelle que je devrai mourir un jour. Mais en attendant : la vie. C'est toujours un peu impressionnant, la vie, non? Rien ici pour me gausser ; j'ai rien à voir là-dedans, c'est quand même pas moi qui ai accouché, mais ledit "miracle" de l'accouchement me laisse pantois. La fibre paternelle m'est inconnue, mais de voir une chatte mettre bas me rend les yeux vitreux. Une vache vêler et... ça c'est pas pareil.
Ça se dit, félicitations, après un accouchement? Bravo, good job? Bine sur l'épaule... N'empêche, je suis fier de ma sœurette. De toi aussi, A-may, pour ton courage.

Toujours est-il que la petite Jeanne – ben oui, quoi? la mode est aux noms vieillots – arrive dans un monde merveilleusement terrible, que j'aime à haïr et qui me surprend parfois en pamoison. Avec déjà Florence et Félix, la smala s'agrandit. Ça fera des discussions à Noël. Au diable la guerre en Irak et les commandites, au diable les chicanes de famille : on a des bébés dans la place, on en parle et on s'en occupe. L'égocentrisme va laisser place à une certaine débilité euphorique. Même les vieux vont cesser la description de leur pharmacopée pour parler des mômes ; ou pour se taire, les yeux plus jeunes. Enfin cette année on ne me demandera pas si j'ai pris des Reér (c'est quoi au juste?). Ma mère va devenir gaga (pas de vrai changement là), le père va se tenir coi de fierté, moi je vais arriver en retard avec des cadeaux du Jean-Coutu, me mettrai à genoux et ferai des grimaces. Areu, areu... Oui, c'est peut-être ça, l'espoir. J'ai enfin hâte à Noël. On va rire et pleurer, en famille.

lundi, mai 16, 2005

Louvre-bouteille

Ça manque d'humilité, je sais. Vous envoyer voir un portrait de moi, ouf! Suis-je rendu si fat? Peut-être, mais c'est surtout que je suis soufflé devant le talent de l'artiste. Allez voir sa galerie de portraits de blogueurs, ça vaut le détour! Le kid a du génie, ne serait-ce que dans le choix de ses sujets, hé hé. Je ne sais pas pour les autres, mais il a saisi dans son dessin une parcelle de moi qui me fait froid dans le dos. Du good chill, comme dirait une casquette. Et si vous pensez avoir un site haut en couleur, c'est que vous n'avez pas vu le sien... Merci de "l'hommage", HellRider.

dimanche, mai 15, 2005

Pensée du jour

Comme disent les Suisses, quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend : on a bien raison de penser ce qu'on pense !

Conté hier par Frédéric Renaud, que je salue au passage.

samedi, mai 14, 2005

Pièce en un temps, trois mouvements


Dans n'importe quelle cours d'école, pendant la récré.

Fanfaronnant, Petit Nicolas :

– Moi, mon papa, c'est le plus fort! C'est le meilleur boxeur d'à travers toute la planète du monde entier!

Petit Simon, observateur :

– Pfff, c'est même pas vrai! T'es rien qu'un menteur! Un boxeur, ça va travailler en cravate?

Petit Nicolas, après avoir foutu un pain dans la gueule de son ami :

– Si, c'est vrai! Demande à ma maman. Elle, elle va te le dire. Sauf que là, elle parle qu'en clins d'œil, avec celui qui est ouvert, vu que ses machoires sont brochées...

FIN

vendredi, mai 13, 2005

Questionnement existentiel

Un éléphant blanc, est-ce que ça barrit white, rendu à un stade avancé?

mercredi, mai 11, 2005

Les mo(u)ches ont des oreilles

« Ils pêchaient à l'arc et aux flêches, bien avant l'invention du ver de terre. »
D. Lebel

samedi, mai 07, 2005

Défaire le trottoir...

Texte écrit dans le cadre de Collectivo. Contrainte : un lipogramme en A, I, L (impossibilité d'inclure ces lettres dans le texte).

Bonhomme sept-heure, bête en rut pressée d’hormones d’hockeyeur, tu cherches pour dégoter une pute sur une rue de Terre-Neuve. Des thunes en poche, des kopecks contre son ventre, hmmm, y trouver refuge... Tu te sens d’un coup sponsor, pourvoyeur, pur voyeur. Prendre une escorte, presque en esthète : un généreux geste de mécène, forcément. Un verre de rhum et hop! tu es prêt pour une descente en enfer, procureur du démon, homme de ton temps. Où es-tu, ô prêtresse du sexe, déesse de Krypton, femme entre toutes? Entêté, têtu comme une buse, tu cherches et tu cherches, exempt de succès. Non, merde! encore se crosser sur des pubs de Kotex? Grrr. Tu songes : ses nymphes ouvertes, son odeur, ses fesses, ses tétons, son bouton d’or, bref, ses zones érogènes. Et tu penses encore : ronronner sur son cou, sucer ses sphères, prendre son fondement et décéder repu, knock-out, ton totem, ton sceptre mort en une gorge en feu, érubescente et… merde! Guère de putes. Encore essuyer un refus du sort. Tu es déçu. Bon, ben, bye-bye Terre-Neuve ; tu conserves ton sperme. Tu subodores, honteux, ton retour vers Québec. C’est con, perdre son temps.

mardi, avril 12, 2005

Mac ou PC?

Ce n'est pas l'inspiration qui manque. Je tente de vous envoyer des billets, mais je crois que mon matos est quelque peu vétuste. C'est loooooong!!! Ou bedon la popularité de Blogger alourdit la machine. Je crois néanmoins que je vais devoir bientôt changer d'ordi. Je retourne à Mac, plus cher mais moins vicieux côté virus (mais tout le monde voit des carrés blancs au lieux des accents), ou je me dote d'une bombe PC? Vos commentaires seront bien appréciés.

vendredi, avril 08, 2005

Modingue

Bizarre, manquer de plume quand l'amour donne des ailes.

On se revoit sous peu. Qui sait, à la prochaine chicane?

mardi, mars 29, 2005

Hein, quoi?

Dialogues de sourds :
Un glissement de terrain
Sous les pluies acides
Ou mâcher du sel
Dans le désert

Vas-y je t’écoute
Dit-elle en le coupant
Il baisse le ton
Pour étouffer un cri
Puis abdique…
Et l’égorge

Enfin le silence

jeudi, mars 24, 2005

Les mouches ont des oreilles

(Quelques heures avant de réciter du Goethe) : " C'est pas normal que j'aie mal à la tête comme ça. Je dois être due pour une bonne brosse. " – Diane L.

" La fois où j'ai eu l'air le plus fou (...) je sais pas comment j'ai fait mon compte, mais j'ai glissé et j'ai atterri la face dans le menton. " – Mathilde

mercredi, mars 23, 2005

Gagner, croûte que croûte

Texte publié dans le cadre du collectif Coïtus Impromptus, sans thème cette semaine mais avec comme contrainte qu'il devait commencer par : Déjà un trou, pourtant il était neuf (...)


Déjà un trou, pourtant il était Neufchâtel d'appellation, pur produit du lait cru de vache de la meilleure qualité. En principe, les trous n’auraient dû commencer à apparaître qu’au septième jour d’affinage. Pas même quatre de passés… Bizarre.

Quentin révisa sa recette par trois fois avant de se rendre à l’évidence : il ne gagnerait jamais le Grand concours fromager de la Seine-Maritime avec cette masse informe pleine d’air. Quoi faire? Pomper l’air, s’asseoir sur la meule quelques jours, injecter de l’hélium dans les trous pour au moins faire rire les enfants ? Hum… Il commençait à donner raison à l’adage, jurant dans sa barbe : « Y’a pas de quoi en faire un fromage, comme on dit. P’tain, j’aurais dû faire boucher ! Grrr… »

Tout dépité, sa briquette sous le bras, il partit demander conseil à la mairesse de Neufchâtel-en Bray, grande érudite en matière de çapue (qu’on affublait ici affectueusement du sobriquet de Vache-qui-rit). Malheur, l’élue déclarait absente, partie au champ recruter des érecteurs.

Sur le chemin du retour, il rencontra une chèvre esseulée qui pleurnichait en broutant.

– Je peux pleurer avec toi ? s’enquit-il auprès de la cornue . On sera moins seuls.
– Bêêê sûr. Mais, je ne pleure pas. J’ai simplement une mouche dans l’œil. Et puis j’ai les pis qui me font mal. Personne veut me traire ici-bas, sont tous occupés avec leurs vaches.
– Laisse-moi t’aider…

Il souffla doucement sur son œil, libérant la mouche, puis d’une main preste entreprit de la délester de son lait.

– Mon sauveur ! Que puis-je faire pour vous remercier ? En passant, on vous a déjà dit que vous aviez une fort jolie barbichette ?
– Euh… laisse-moi y réfléchir… la tienne n’est pas mal non plus… Viens, je t’emmène avec moi.


Cette année-là, un dénommé Quentin remporta le Grand concours fromager de la Seine-Maritime avec un fromage original, au goût extrêmement particulier. On en disait qu’il ne pouvait avoir été fait qu’avec le plus grand des amours.

Avec sa chèvre, il vécut heureux et ils eurent plein de petits.
(De petits fromages, s’entend, bande de pervers !)

dimanche, mars 20, 2005

Bruxisme

Avis public à toutes les caissières chez Jean Coutu :

Non, je n'ai pas la ##$%&$(!) de carte Air Miles !

Un point par dix-sept dollars d'achat, 15 000 points pour s'acheter un toaster...
Donc, 255 000 $ d'achat de papier-cul avant de pouvoir griller une toast...
Nous prennent vraiment pour des cons, ces cons !

vendredi, mars 18, 2005

Nostalgia

Dormir à la belle étoile
avec les moustiques, les rats et les scorpions
mais nous étions chez eux, en visite :
partage du territoire, ils nous ont laissé une petite place
dans l'immensité...



Corfu, Grèce, 1989

samedi, mars 12, 2005

Merci Félix !

Parce que les miens aussi ont beaucoup voyagé, parce que j'imagine que M. Leclerc ne parlait pas toujours comme un tronc d'arbre poétique (maudite série poche !), ainsi que pour le petit Félix nommé en l'honneur du maître, une 'tite photo qui en vaut mille, des mots...


Je les ai laissés là, gisant au pied d'un arbre d'Israël, eux qui m'avaient si bien porté ces mois précédents.

Morts de m'avoir permis de vivre. C'est vraiment la première fois que je remercie des souliers...

vendredi, mars 11, 2005

Solidarité

J’avais le visage doucement incrusté dans mon oreiller en poils pubiens de chamelle (moelleux là où ça fait mal !), quand un murmure étrange est venu me réveiller. D’abord le son d’un tambour, du type guerre de sécession ou «oyez, oyez», à roulements ragada ragada ; puis des voix, de plus en plus vives. Une procession de témoins de Jéhovah revendiquant le droit de travailler de nuit, me suis-je dis, ou le Cercle des Fermières en formation triangle pour contrer la hausse carrée du prix de la farine, qui sait ?

Osant un orteil hors du plumard, j’ai décidé d’en avoir le cœur net – j’ai vomi–, puis je me suis rapproché de la fenêtre afin de voir de quoi il en retournait. Vous l’aurez deviné, il s’agissait d’une manif estudiantine bien banale (et non bacchanale-auréat). C’était beau à voir, deux trois cents jeunes (à vue de nez et d’oreilles) heureux comme la promesse d’un futur meilleur, scandant l’éternel so-so-so, so-li-da-ri-té !

J’en étais à cet émoi nostalgique quand je l’ai vu tomber.
Un Asiatique (en sciences physiques ou de la santé, probablement) tout juste grand comme trois pommes du haut de ses vingt ans. Je ne sais trop comment il a fait son compte, mais toujours est-il qu’il s’est retrouvé Gros-Jean comme devant, cul par-dessus tête et la face dans la sloche. Et tout ce beau monde bien élevé de passer devant lui en riant, sans même faire le moindre geste pour l’aider à se sortir de la gadoue. Ravalant sa honte, il s’est relevé, reprenant le slogan du rassemblement : «So-so-so, so-do-mi-sez-moi !», ai-je cru entendre. Mais aurais-je rêvé ? L’accent, sûrement…

Comme quoi de nos jours, même dans la foule, l’accent est toujours sur l’individu.

mercredi, mars 09, 2005

Du rose au bleu

Texte publié dans le cadre du collectif Coïtus Impromptus
thème de la semaine : L'être et le néant


Institut Médico-légal de Montréal
9 mars 2005, 11 :57

Le coroner Holmes venait tout juste de terminer son sandwich quand l’inspecteur Watson fit irruption dans son bureau.
– Alors Doc, du nouveau ?
– Nope, jambon-fromage, comme d’hab.
– Je parle du bébé, pas de votre sandwich !
– Ah oui, le bébé… Suivez-moi.

Watson eut un frisson en le voyant sur la table de stainless trop grande. Il en avait vu des macchabs dans sa carrière mais, avec les bambins, c’était différent. Holmes entama sa litanie, avec cet air un peu perdu qu’ont les scientifiques, surtout ceux habitués à côtoyer les cadavres.

– J’ai bien l’impression qu’on vous l’a secoué, le petit. J’ai d’abord eu la puce à l’oreille à cause de ces ecchymoses en forme de mains au niveau du thorax. Quatre doigts de chaque côté des grands dorsaux, les pouces aux pectoraux. Puis ce cal osseux senti en palpation à la clavicule. Probablement une fracture récente qu’on verra aux rayons-x. Voyez aussi ces ecchymoses hémo-sidérotiques un peu partout sur le corps. Des bleus plus ou moins récents, si vous voulez. Et là, ces petits points rouges sur les paupières : des pétéchies palpébrales, comme si vous aviez éternué à vous en faire éclater les yeux. Puis une hyperhémie sous-conjonctivale m’a amené à faire une ophtalmoscopie qui a révélé une hémorragie rétinienne... Mais je vois que je vous perds. Bref, tout concorde : on l’aura secoué jusqu’à ce qu’il n’en meure. Élémentaire, mon cher... Je peux vous avoir le rapport pour demain. Ce soir il y a bridge chez les Simenon, vous en serez ?

– Hum...
L’inspecteur prit le chemin de la maison en se demandant avec quelle facilité on pouvait donner la vie et la reprendre. Ou l’odieux de jouer à Dieu. Il en était secoué et pourtant ce n’était pas lui qui était mort. Rendu à destination, il se versa un grand verre de lait au chocolat, puis alla s’affaler sur le divan, anéanti.

mercredi, février 16, 2005

Bruxisme à la Casa del Popolo

Ils auront eu beau dire, moi je n’ai rien compris.
Parce que, hélas, je n’ai rien entendu.

Pourquoi suis-je toujours le chanceux qui est assis à côté du vieux poète soûlon qui fait le clown au détriment de celui qui a eu l’audace de montrer ses couilles sur scène ? Je n’ai rien contre les soûlons, les poètes ou les vieux, mais la combinaison des trois, affichant son manque de respect en postillons de vinasse, me donne des envies assassines.
Toujours un comme ça dans un show qui veut le voler.
N’eût été de ce Boisvert, passe encore, mais quand c’est toute la salle qui s’est mise à jacasser, je me suis demandé ce que j’étais venu foutre là.
(Pas toute la salle, bien sûr, mais ça n’en prend pas beaucoup pour déranger l’ensemble.)
Sidérant, en plus, de penser que tout ce beau monde a un rapport de près ou de loin avec l’écriture.


En acouphènes
Les égos
Sans trique
De la fratrie fratricide

Donc, le show comme tel… euh… sais pas : pas vu, pas entendu.
Paraît que mes trois comparses d’hier traitent aujourd’hui du même sujet. (Dan, Pat, Cath) C’est confortant, je ne dois pas être fou.
La suite fut de loin plus heureuse. Ai rencontré les sympathiques Dame Mec et Breakwood, pour ne namedropper que ceux-là.
Bon, je vais me recoucher. Chaque frappe sur le clavier m’élance jusque dans la caboche.
Maudite Belle Gueule…
Faut que je sois en forme : ce soir, je vais voir, optimiste, un show de poésie...

jeudi, février 10, 2005

La leçon de morale


Il égorgea la pute en déchargeant dans son con
Une semaine à la regarder pourrir
Oh oui jouir du spectacle
De sa chair lambeaux et miasmes
Effilochée au fil rasoir du temps

Entre deux cafés il pensait
Au projet suivant, à l'aventure :

Violer des nonnes, de vieilles nonnes
En défrîcheur des croutes célestes
Puis de son Zippo – main de Dieu –
Allumer l'essence pour le dernier ballet
Qui les rendrait à Satan

Elle me regardait comme si je venais de la demander en mariage, l'œil vitreux, un mince filet de bave pris entre ses lèvres pétrifiées

" – Qu'en pensez-vous, sœur Berthe ? Les images sont fortes, hein ?

– Fortes de votre folie, oui... Mais le rapport avec le cours de morale, monsieur Lagreff ? On pense vraiment à ces horreurs à 15 ans ? J'avais demandé un court poème sur vos projets de carrière et ce que vous pourriez faire de bien pour améliorer le monde.

– Ben là, voyez-vous, c'est que j'aimerais bien écrire des bouquins. Horreur, policier, fantastique, je ne sais pas encore... Divertir les gens, c'est un plus dans le monde, non ?
Tuer des personnages pour faire vivre des héros, c'est pas d'aller à la guerre, tout de même !
Enfin, c'est pas comme si j'avais parlé de débander dans l'anus d'un enfant mort... "

Au début, pas de réaction. Probablement l'émotion de voir que j'étais un bon petit gars, après tout.
Puis ses lèvres se sont crispées. Un rictus, oui, c'est ça ; j'étais fier de connaître le mot. Elle a penché sa tête vers l'avant, ses lunettes ont glissé de son nez, tout en restant suspendues grâce à la chaînette d'or à son cou. On aurait dit une balançoire à moineaux. Ça s'est passé vite, en fait : ses mains ont agrippé sa poitrine et elle s'est affaissée d'un coup. Une roche dans l'eau. Plouf : la vieille est morte à mes pieds.

C'était la première fois que mon écriture touchait quelqu'un.
J'étais content.

mercredi, février 09, 2005

Plateauzoaire Anonyme

Coming-out :
Oui, je suis bien mal parti dans la vie, je vous jure : natif de Brossard, je me suis exilé à Mourial, trop apeuré à l'idée de ressembler à mes parents ou à un ersatz moins drôle des protagonistes des Voisins, experts dans l'art typiquement banlieusard de ne rien dire en plusieurs mots. (Ouf, mes racines me rattrapent.) Mal m'en pris : j'ai atterri sur le Plateau. Savais pas moi que le quartier perdrait sa saveur populiste pour devenir populaire et donc critiqué et caricaturé, comme tout ce qui fait bon chic bon genre. Comprenez-moi, je ne réfute pas la caricature, elle est saine et justifiée. Je suis le premier à voir que le quartier a changé en 15 ans, que la frénésie d'y habiter depuis 5 ans est démesurée. De la folie, en fait, mais est-ce que ça fait de tous ses habitants des fous ? Faudra-t-il que je m'exile encore de peur de faire partie d'un troupeau. À en croire le courant, on serait tous des poules pas de tête picorant sur la Mont-Royal en se congratulant mutuellement de notre allégeance plateauzoïde.

C'est décidé, demain je déménage à Outremont.
Tant qu'à être pauvre chez les riches...

samedi, février 05, 2005

Si je vous ai bien compris...

" Je suis une vraie femme : j'ai une grosse sacoche ! "

– Brigitte Caron

vendredi, février 04, 2005

Message d'intérêt pudique

Désolé Bertrand, tu ne liras pas tout de suite " Les aventures du crâneur ".
Laisse-moi avaler la pilule. La digestion est plus lente après un épisode du genre.
Demande à n'importe qui au B., on se fera un plaisir de te mettre au parfum.
En attendant, voici à peu près ce à quoi je ressemblais. (Les cernes, c'était le lendemain.)



maquillage : Chloé Lefebvre

jeudi, février 03, 2005

Tout allait bien pourtant

Oui, tout allait bien pourtant : j'allais écrire aujourd'hui.
Je sais pas pour vous, mais moi ça me rend de bonne humeur.
Même si (encore plus quand) le sujet est triste.
Février ne m'atteint pas ; je vis de nuit. Alors, que les journées allongent ou raccourcissent, peu m'en chaut.
Puis j'ai eu le malheur/bonheur d'aller faire un tour dans votre cour, mes chéri(e)s. Que ce soit cette histoire si triste de cet accident si con ou vos chicanes avec l'hiver, le blues m'a aggrippé et me suce la moelle depuis. De ces blues tapis qui se pointent la frimousse pour rien, juste pour faire chier. Un veau...

Me suis dit : fuck le blogue ! y'a pas que ça dans la vie... Même que la vie doit presque être marrante sans torture. Elle a souvent le mérite qu'on s'y attarde.

Pour changer d'état, suis allé prendre une petite marche – eh oui, j'ai bravé le soleil !
Petite, ouf... En fait, j'ai traversé la rue pour me rendre au vidéo. Y ai loué quatre films poches pour me dérider, du type comédie romantique prévisible. Des feel-good movies, comme disent les Vietnamiens. Ben coudonc, un veau encore...

Afin de me transformer en vache qui rit, une valeur sure : je me suis proposé le dernier San-A.
Pas de réussite ici : les gags tombaient à plat, et puis Patrice Dard ne possède pas la poésie qu'avait parfois son père. Aucune, donc, de ces perles qui sortent de la boue.

J'ai alors plutôt opté pour l'excellent Visages de l'affolement, de Jean-Philippe Bergeron. Ben là, aide-toi le veau : c'est trop bien écrit pour ne pas chiâler.

Moi qui ne voulais pas faire de l'exhibitionnisme sentimental en ligne, c'est râpé pour cette fois.

Pour bien faire, histoire de saigner le veau, me resterait plus qu'à aller me coucher en écoutant Cité Rock-Matante.

Bon, j'imagine que je vais déjà mieux.
J'ai écris aujourd'hui.
Mais c'est crier que j'aurais dû.


vendredi, janvier 28, 2005

Dans mes petits souliers

CNN – Tsunami – la vague d’infos nous submerge

Ne rien apprendre mais en être informé

Pas même un hoquet
En mangeant mon Kraft Dinner Deluxe
Extra poudre

Et pourtant parfois l’épiphanie :
« Maudit pourri, allume ! »
Fâcheuse impression : vivre mais ceux-là meurent
Sans le mériter
Ni eux ni moi

***

Avoir un vrai job je serais
Inspecteur gouverne-mental
L’invité de Monsieur le Directeur
Du pénitencier
« A-1, bravo, excellentes conditions. »
Sourires entendus ; je touche ma prime

Retour à la maison
J’enlève mes souliers en cuir italien
Impossibles à casser
De toute façon marcher ? je ne vais nulle part
Je ne fais que monter – l’achat du Paradis
Par la peau des gens

Bobonne me suce mais
Il ne me quitte pas ce frisson
Ce rire entendu
Dans le couloir de la mort


dimanche, janvier 23, 2005

Igloo igloo igloo – il est des nôôôtres...

Après quatre-vingt-seize heures de service ininterrompu, le calorifère cesse de ronchonner. Fait assez notable pour que j'ouvre un œil et me dise : " Tiens, il doit faire beau. Enfin ! " Ma phrase à peine finie, il recommence sa litanie. Pour un autre quatre jours ? Fuck.

Mais heureusement, le thermomètre de l'appart. indique à nouveau positif.
Non sans avoir envoyé avant un orteil en éclaireur, je peux penser à m'extirper du lit, enlever ma tuque et mon condom (mesure de précaution : les extrémités gèlent en premier). Hop, à la douche ! En me déshabillant, je retrouve le courage des mes ancêtres cro-magnons, dont je me surprends à envier la pilosité. Disons que je ne ferais pas une pub de Speedo en ce moment. Ni de Wonderbra, remarque, mais ça c'est une autre histoire...

Gremele... rougoudou... frubrougrbplutch. Kessé ça ? Les robinets du bain sont ouverts, mais je n'entends qu'un long borborygme : l'eau ne coule pas. Pas même un filet. Les &%$##** de tuyaus sont encore gelés, encore, encore, encore. Re-fuck.
Suis déjà deux jours en retard, moi, là – le 21 du mois, c'est mon jour de douche... Je vais tout expliquer ce soir à ma date, elle va comprendre, tsé. Pfff...

Les murs sont bourgogne et orange brûlé (les goûts ne se discutent pas), mais c'est tout de même un criss d'igloo à 1000 $ par mois.
L'épisode des Bougon sur le " cachet " du Plateau était vraiment excellent. Trop.

Je pense que je vais finalement aller sonner chez mon inconnue de l'autre jour (voir le texte précédent). Pas pour baiser, mais pour emprunter sa douche. Quoique, on verra bien après...

Si je ne chante pas, j'ai des chances.


jeudi, janvier 20, 2005

Attention, je vous regarde...

Je suis de nature plus spectateur qu’acteur. Voyeur, même. C’est pourquoi j’aime me promener le soir, après le coucher du soleil, avant que les gens ne prennent conscience qu’ils exposent leur intimité au premier venu, avant que ne se referment les rideaux et volets anti-violeurs. Comme ça en passant, regarder dans les maisons, ne serait-ce que pour les idées de déco ou capter en un instant la vie des habitants de mon quartier. Je n’ai qu’une seule règle : ne pas arrêter, quelle que soit la scène croquée. Des flashs de vie, ni plus ni moins.
Flash : Une vieille dame flattant son chat ; pas si seule que ça, finalement. (Je vous vois venir, tordus, vous auriez mieux aimé la jeune fille flattant sa chatte, hein ?)
Flash : Un jeune couple qui prépare le souper en se donnant le bisou des grandes complicités – ceux-là je sais qu’ils auront des enfants.
Flash : Une femme le bras tendu et la bouche ouverte, une vitre qui m’épargne les cris, et en dehors du cadre : l’homme qui attend la fin de l’orage pour s’excuser, encore…
Flash : Gordon qui vroummmmm… ; je n’ai rien vu, il est passé trop vite.
Flash : La pisseuse qui n’a pas fermé la porte de la salle de bain et qui du même coup, se sentant épiée, tourne la tête et me fixe. Deux chevreuils pris dans les phares de la surprise.
Flash : Un boutonneux à l’ordi, l’écran trop tourné vers la fenêtre pour que je ne sache pas qu’effectivement, il est excellent ce site…
Flash : Vous avez compris le principe.

C’est comme ça qu’un soir, en faisant ma petite promenade de digestion Kraftdinnerienne, j’ai presque dérogé à ma règle. Elle n’a fait que passer d’une pièce à une autre, probablement pour aller se changer. Camisole et petites culottes, un corps à damner un saint. Je n’ai pas vraiment vu son visage – l’instantanéité ne propose pas le détail –, mais je sais qu’elle était belle.
Mon pas s’est ralenti, mon pied a hésité… revenir en arrière ? Pourquoi pas, une seule fois, aller sonner chez elle et lui dire bonnement : " Bonjour mademoiselle, je suis Lagreff, pour votre plaisir, et j’ai envie de faire l’amour avec vous. "
Dans un mauvais Bleu-Nuit (y en a-t-il des bons ?), elle aurait dit oui, je t’attendais, entre.

J’ai continué ma route, alors je ne saurai jamais. Mais le fantasme demeure et accompagne mon petit bonhomme de chemin.

La prochaine fois, je sonne ?

Masturbation

Il est une heure du mat. et je me sens seul.
Qui appeler ? Tant de rencontres, tant d’unions ; plein de numéros mais aucun à composer. Pas vraiment de désunions, que des mises au point : pas les mêmes horaires, pas la même soif. Les mêmes buts, oui, mais pas en même temps. Souvent le mot " même " en deux phrases, et pourtant la différence. Je ne pourrais t’aimer comme on aime vraiment, à deux. Il est tard, l’heure où tu te couches. Où idéalement je me coucherais avec toi, serais venu te rejoindre, au pire. Tu as une vraie vie, au sens normatif. Et ma norme est énorme d’énormités.
Tu que j’ai déjà connue, mais ne connaîtrai plus, car j’ai appris : à prendre celles à prendre dans l’instant, passionnément, enivré du moment, au jour le jour – plutôt de soir en matin. En attendant, je me surprends, sentimental, à t’écrire comme un con à une heure du mat.
L’espoir, donc.

lundi, janvier 17, 2005

Soif de silence

Un de ces soirs où sourire fait mal
mais les ivrognes ont soif
les chauds must drink on
dans un coin là-bas un couple
qui s’avale
un autre qui se défait plus loin
à grands coups d’orgueil
éventrant la cohue

On les voit souvent
qui aiment se détester
les dynamiteurs d’harmonie
à jouer à la guerre devant les autres
pour justifier leur amour – terne
jusque dans la collision des silences

Un de ces soirs où sourire fait mal
à téter des bières insipides pour affadir les gris
à fumer comme si on allait mourir demain
et ceux-là qui se lèchent ou se laissent
mais les ivrognes ont soif
" Oui monsieur qu’est-ce que je vous sers ? "


jeudi, janvier 13, 2005

Dis-moi qui tu es

Dépossédé de mon identité – un comique m’a chapardé mon portefeuille –, j’ai dû faire la tournée des grands ducs de la bureaucratie afin de redevenir quelqu’un. Après trois jours d’angoisse à me demander qui j’étais, je suis parti à la quête de moi.
D’abord la S.A.A.Q., puisque le permis de conduire, siège de l’âme, te permet d’accéder aux autres facettes de ta personnalité. (Conduire est dangereux, alors forcément, avec le permis on t’envoie la carte d’assurance-maladie – dont je n’ai pas vraiment besoin d’ailleurs : elle est pleine.)
Fallait me voir, tout miel devant la grosse pousse-crayon aux doigts boudinés d’un orgueil plus grand que Laval.

« – Bonjour madame. Oh, c’est joli ce que vous portez… pure soie, j’imagine ; on voit que vous avez du goût… Ce qui m’amène ? Ah oui, pardon, je m’égare, mais c’est que je me demandais où vous aviez trouvé ce superbe tricot si bien agencé à vos lunettes en écailles.
– Venez-en au fait, monsieur X.
– Voilà : je me suis fait voler et bla bla bla…
– Pas de problème, montrez-moi vos pièces d’identité avec photo et on vous fait une autre carte pour simplement 27,95$.
(Une aubaine !)

Ben justement, épaisse, si j’avais mes pièces d’identité avec photo, je ne serais pas ici en train de contempler ton faciès porcin et ton air si fier de pratiquer le macramé extrême ou le curling sur gazon, me disais-je in petto.
Le problème, c’est que je n’avais comme pièces justificatives que des comptes (ça j’en ai en masse !) ainsi qu’un passeport périmé depuis 16 ans.
Elle le regardait, me matait, le lorgnait, me dévisageait ; continuez comme ça pendant deux minutes aussi longues qu’une vague d’entraide qui suit un tsunami.

– Hi hi, c’est drôle, vous aviez des cheveux à l’époque. Ça vous change. On dirait presque que vous n’êtes pas vous. Ça m’en prendrait plus, vous savez.
– Malheureusement, c’est tout ce que j’ai, lui répondis-je en pratiquant mon sourire sanantoniesque #23.
– Bon, c’est bien parce que je suis bonne pâte (!!!), que vous m’avez l’air sympathique et que j’ai faim (tu parles, j’imagine). »
Puis elle m’explique que le matin réveil des grands départs s’est soldé par un frugal déjeuner aux Capitaine Crounch en route pour le boulot, sur le pont (tiens, j’avais raison).

J’ai finalement eu le droit de savoir que j’étais bien moi à l’aide d’un bout de plastique tendu par la main de la cousine du Big Frère. Ce qui me permit (!) de me procurer une carte de guichet ainsi que d’aller renouveler mes 14 abonnements aux clubs vidéos environnant mon humble logis.

De retour chez moi, ulcéré par la Machine, j’ai décidé de me défouler en faisant du ménage. Tout en bulldozant les monticules de linge, je me disais : « Si jamais j’attrape le cave qui m’a volé, il va passer un mauvais quart d’heure ! »

C’est là qu’il est apparu, s’éjectant d’une jeanesque poche : mon portefeuille.

J’ai attrapé le cave qui m’avait volé. Il ressemble étrangement au gars sur mon permis de conduire. Je ne lui ai pas fait passer un mauvais quart d’heure, non : je lui ai plutôt offert une bière.
Faut savoir pardonner.

Les cons ne sont pas toujours ceux qu’on pense.

mardi, janvier 11, 2005

Aphorisme hivernal


L'on ne fait rien et très vite il ne se passe pas grand chose.

Réféchi sur le miroir de la glace en cette mémorable journée de pêche blanche où le seul poisson qui daigna mordre fut une perchaude à peine plus grosse que les ménés utilisés comme leurres. Et ce... avant mon arrivée.
Heureusement, il y avait les boboys et la bebière. (Je ne sais pas à quoi pensaient Joseph et Marie avec leur âne et leur bœuf, mais il n'y a rien de mieux qu'une truie pour se garder au chaud dans un shack en bois pressé.)
Dix pêcheurs émérites pour un minuscule poisson, pfff, pas de quoi écrire à sa mère ou sur son blog, hein ?
Ah, cette ville qui nous dénature...
En attendant le redoux, je retourne au bar jigger la morue, comme disent les aînés du Plateau...


jeudi, janvier 06, 2005

Modingue

La langue française, cette pute, se laisse malheureusement rarement prendre par derrière.

Inspiré alors que j'essayais d'envoyer une missive virtuelle sans faute à une jolie dame douée pour les mots. (La missive est revenue avec le corrigé.)

Une petite en passant

Mon grand-père disait :
" Le jour où ils vont m'empêcher de boire sur la la job, je rendrai mon badge et mon gun. "

Contée par Benoit Fortier