texte envoyé à Coïtus
Le croque-mort prenait un plaisir sadique à fixer ma gueule d’enterrement.
Et cet autobus qui n’arrivait pas.
Je me demandais bien ce qu’il me voulait, le funèbre. Me pomper? Non, pas son genre. Il se contentait de m’observer de ses yeux hépatiques, grattant nerveusement un ongle cornu sur le filet de son menton. Il commençait sérieusement à m’énerver, me foutait franchement la trouille, en fait.
Je décidai de prendre le diable par les deux cornes.
– Vous voulez ma photo?
Surpris dans sa méditation, il s’avança vers moi et se racla la gorge. À glacer un popsicle.
– Pardonnez-moi jeune homme, mais je suis sondeur pour la maison Pesant-Pesant et vous me semblez être le candidat idéal pour notre sondage d’aujourd’hui sur les maladies du cœur. Vous permettez que je vous pose quelques questions?
Bof, je n’avais que mon temps à perdre, tant qu’à attendre le bus, et j’étais soulagé de voir qu’il ne m’imaginait pas en sauce avec des petits oignons. J’acceptai.
Vinrent les questions d’usage, âge, profession, etc. Il esquissait de temps à autres un petit sourire de satisfaction, sourire particulièrement appuyé lorsque fut le temps des questions sur mes habitudes alimentaires. Vrai qu’à m’écouter répondre, je n’étais pas fier : si c’est gras, poilu et que ça se fait livrer, j’en mange.
Plus les questions défilaient, plus il semblait jubiler. L’extase se lisait carrément sur son visage à la fin du questionnaire :
– Combien de fois par semaine faites-vous de l’exercice?
– C’est quoi ça de l’exercice? Héhé.
– Avez-vous déjà consommé de la drogue?
– Ben kin…
– Lesquelles?
– Euh…toutes, je pense…sais pus trop…
– Vous fumez?
– Oui.
L’apothéose! Il en tremblait.
– Combien de cigarettes par jour?
– Je pourrais vous le dire en paquets, moins compliqué à…
Sans prendre le temps d’entendre la fin de ma réponse, il me coupa la parole, remballa son questionnaire dans son cartable et me tendit une main poisseuse.
– Excellent mon cher monsieur, vous avez été parfait! On passe vous prendre ce soir!
C’est à ce moment qu’arriva l’autobus, vomissant son lot de zombies. Se frayant un chemin entre eux, Madeleine s’en extirpa, toute belle d’été vêtue. Elle me sauta au cou, m’embrassa comme si ça faisait dix ans que nous ne nous étions vus, comme si le sort du monde en dépendait, langoureusement, sauvagement, amoureusement. Je n’avais pas attendu pour rien. Nous nous en allâmes vers la maison, main dans la main, emmenant avec nous le bonheur des gens qui se retrouvent. Avec un clin d’œil, Madeleine me demanda :
– T’as vu derrière, à l’arrêt d’autobus? Y’a un fou qui mange un cartable en piétinant le sol…
Désolé mon vieux, ce soir j'ai mieux à faire…
jeudi, août 18, 2005
jeudi, août 11, 2005
jeudi, août 04, 2005
Waterloo nocturne (chronique du clown Pathos)
Encore une de ces nuits
Nourries aux sandwiches à la photocopie de dinde
Aux bières insipides criant bulle
Envole-toi
Affalé au zinc
Sur le bar de la catastrophe
En accusé de déception
Une mocheté me sourit
Le genre qui saigne des gencives
En s’épilant les dents
Mais je vais sûrement finir fini
Par lui demander sa main
Encore une de ces nuits
À compulser mes silences élastiques
Latence de la déchirure
Honteux guerrier indien
Sous toute réserve
Flèche de boit tout
Je commande du Cristal l’air de rien
Aux hyènes de service
Crocs jaunes haleine de tabac
Les morpions s’agglutinent
À chacun son verre chacun son poil
Enfin je me fais sucer
Dilapidation des billets
Bouteilles à la mer
Au yab’ la dépense
Le garde-manger est vide
Une autre maudite nuit
À me demander
Suis-je devenu le sel
De l’eau qui a bouilli
Ah pis fuck
Barman
Un autre verre svp
Pour le doute
Demain la nuit
Comme la chance
Me sourira
Nourries aux sandwiches à la photocopie de dinde
Aux bières insipides criant bulle
Envole-toi
Affalé au zinc
Sur le bar de la catastrophe
En accusé de déception
Une mocheté me sourit
Le genre qui saigne des gencives
En s’épilant les dents
Mais je vais sûrement finir fini
Par lui demander sa main
Encore une de ces nuits
À compulser mes silences élastiques
Latence de la déchirure
Honteux guerrier indien
Sous toute réserve
Flèche de boit tout
Je commande du Cristal l’air de rien
Aux hyènes de service
Crocs jaunes haleine de tabac
Les morpions s’agglutinent
À chacun son verre chacun son poil
Enfin je me fais sucer
Dilapidation des billets
Bouteilles à la mer
Au yab’ la dépense
Le garde-manger est vide
Une autre maudite nuit
À me demander
Suis-je devenu le sel
De l’eau qui a bouilli
Ah pis fuck
Barman
Un autre verre svp
Pour le doute
Demain la nuit
Comme la chance
Me sourira
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