Voilà, c'est fait : le printemps est enfin arrivé.
Je n'ai jamais eu besoin de beaucoup de lumière - je travaille de nuit depuis... des lunes -, mais j'aime voir celle qui luit dans les yeux des mes compatriotes en ces journées charnières où la vie reprend son droit de cité.
Les gens ont arrêté de chiâler, sortent de leur tanière, rient, sont heureux. La Mont-Royal et la Saint-Denis, obèses d'âmes en liesse, se font éclater l'artère. L'unanime cri(se) du coeur. Même les fumeurs applaudissent.
La gougoune fait un pied de nez aux bottes ensalées, le linge fond. Les jeunes dames, déjà habillées en guidounes tout l'hiver, sont maintenant complètement nues. Sur leur passage, les ti-gars bandent impunément dans des pantalons trop grands. La phéromone embaume.
Le tapis de crottes de chiens des parcs n'est pas tout dégelé que déjà les bronzeurs s'y sont étendus; la musique fuse des fenêtres, ça chante dans les buvettes; finie la sloche, fini ce satané hiver, bonjour bonjour les hirondelles, y'a d'la joie, y'a d'la joie!
Oui, les gens rient, sont heureux.
T'es mort juste à temps, mon vieux, tout ce bonheur t'aurait peut-être fait un peu de peine.
Allez, salut, bonne nuit l'ami. Et merci pour la lumière...